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Par activités


Publié le lundi 27 juin 2016

Rencontre inter-associative

Les nouveaux espaces de « JE »

Vendredi 16 septembre 2016 - 18h - Rouen

 {La VIDEO peut-elle aider à devenir SUJET ?}

Organisée par le laboratoire de Rouen du Centre Interdisciplinaire sur l’ENfant (CIEN), l’Antenne normande de La Main à l’Oreille et les associations Autrement dit et Geppetto.

L’audio-visuel se présentait déjà, dans le monde contemporain, comme une manière nouvelle de fixer la parole sur des supports de diffusion uni-directionnelle mais depuis l’établissement des « réseaux sociaux », chacun est maintenant en mesure d’émettre aussi des images et des mots qui disent son regard sur le monde, sur les autres et sur lui-même. Jeunes et adultes s’y retrouvent, explorant et redécouvrant les lois de la parole.

Des professionnels de l’éducation et des familles ont relevé le défi d’accompagner cette surprise avec des enfants et des adolescents. Nous leur avons demandé de témoigner de leur expérience de ces nouveaux espaces de jeux qui rendent possible, par l’enregistrement des images et des mots, la rencontre du sujet avec les signifiants qui lui sont singuliers.

Catherine Thomas, psychanalyste au CPCT de Bordeaux fera part de son expérience avec des adolescents d’une classe-relais et présentera quelques-unes de leurs inventions vidéos.

Violette Aymé, étudiante en Arts visuels, présentera le court-métrage qu’elle a co-réalisé avec un enfant autiste au plus près de son monde de sensations et de mouvements.

Des parents et des professionnels de la région rouennaise viendront également témoigner de la manière dont ils ont su inventer des espaces de créativité pour faire place à une parole nouvelle, libératrice des répétitions et des impasses : Maryvonne Slimani dans son atelier d’expression corporelle en EREA, Marie-Annick Dion par son expérience d’AVS et d’art-thérapeute, Aurore Cahon et Bertrand Pesquet dans le cadre de leurs vies de famille respectives.

Les personnes présentes pourront également faire part de leurs expériences en ce domaine, la rencontre ayant pour objectif de montrer la pertinence des dispositifs qui permettent aux enfants et aux adolescents de sortir de leur fascination pour l’image et de prendre part à la culture nouvelle qu’elle autorise, elle essaiera aussi de montrer la capacité de l’héritage lacanien à en accueillir la dynamique.

Après la séance...

C’était le 16 septembre 2016 à Rouen, à l’Atelier Monet, place de la cathédrale. Cette rencontre est née des liens qui existent entre plusieurs associations régionales mobilisées par l’invention de nouveaux dispositifs donnant droit de cité à l’inconscient : La Main à l’Oreille (Familles et amis d’autistes), Geppetto (Accueil des jeunes en rupture), Autrement Dit (Maison d’Assistants Maternels ouverte aux autistes), l’ACF-Normandie et le CIEN.

L’idée de la rencontre est venue du constat commun que, dans les espaces familiaux et professionnels, des initiatives étaient prises pour se servir de l’enregistrement vidéo d’une manière tout à fait différente, voire opposée, à son usage social. Qu’elle soit au service de la suspicion sécuritaire, de la propagande morbide, de la perversion sexuelle, de l’information choquante ou même du jeu addictif, la vidéo se présente, la plupart du temps, comme une arme de jouissance dont le sujet-enfant, soumis à sa captation, est la cible.

Nous souhaitions donc donner la parole aux parents et aux professionnels qui essayent de mettre cette nouvelle forme d’écriture du côté de la créativité et de la restauration du lien social entre les générations. La vidéo peut-elle se mettre au service d’un discours qui fasse lien ? Et la psychanalyse peut-elle rendre compte de l’importance de la question éthique en jeu ?

Nous avons entendu, par exemple, comment des parents avaient été amenés à utiliser leurs vidéos familiales pour mieux comprendre les inventions de leurs enfants autistes mais aussi pour montrer aux professionnels du soin et de l’éducation, qui étaient loin de les imaginer, leurs efforts acharnés à construire un langage qui leur soit propre en s’appuyant sur les aménagements d’espaces créatifs consentis par leur environnement familial. Leurs témoignages ont montré comment ces enfants utilisaient ce « regard enregistreur » de la vidéo pour entretenir l’inscription de leurs inventions, langagières et gestuelles, dans le champ de l’Autre et apprécier l’effet de lien qui s’y produisait.

L’un des résultats les plus marquants de cette rencontre aura donc été d’entendre, dans les propos des familles comme dans ceux des professionnels, le même respect du discours subjectif, la même éthique de l’inconscient au travail chez l’enfant.

Ainsi, lorsque Violette Aymé, réalisatrice de documentaires, a présenté son film Le ciel est bleu parce que la nuit est éteinte » – tourné lorsqu’elle était baby-sitter d’un petit garçon autiste – nous avons pu saisir en quoi, pour elle aussi, l’invention de dispositifs créatifs avait été vital pour que son lien professionnel avec cet enfant ne se défasse pas et qu’il devienne même le support de son ouverture au monde. Le montage du film met d’ailleurs très bien en évidence le retournement de la position de l’enfant devenant progressivement co-auteur du film.

De même, Catherine Thomas, enseignante et formatrice à Bordeaux, nous a montré comment, aidée d’un comédien, elle s’était servie de la vidéo pour permettre à des lycéens, au bord du décrochage scolaire, de trouver un espace pour se dire et faire entendre l’indicible de leur situation. Les séquences qu’elle a appelées « Scandales » ont montré comment, seuls, sous l’œil de la caméra et dans des situations d’improvisation totale, ces jeunes produisaient un discours équivoque et souvent comique qui disait à la fois comment ils voyaient le monde et comment, selon eux, le monde les voyait. De plus, en réalisant collectivement un court-métrage, intitulé Mutation nocturne, depuis le scénario jusqu’au montage, ces jeunes en échec scolaire ont su laisser venir les inventions de leur inconscient et produire une œuvre qui est, au bout du compte, une superbe métaphore de l’adolescence et dans laquelle les adultes ont reconnu un véritable travail culturel.

Enfin, Maryvonne Slimani, enseignante spécialisée, nous a présenté son travail d’expression corporelle avec des jeunes très en difficultés avec leur corps. Sa façon bien à elle d’inviter chacun à mettre en « phrases » ses inventions gestuelles – qui sont souvent des mouvements parasites ou impulsifs – en les articulant avec celles des autres dans une œuvre collective, est aussi une belle illustration d’un usage possible de la caméra qui détache l’image de soi de sa captation dans le regard de l’autre et crée une nouvelle scène pour dire « je », une scène où le regard peut être réinvesti dans une nouvelle demande de reconnaissance.

De cet ensemble de témoignages exposés dans l’atelier même où Claude Monet a saisi les vibrations de la Cathédrale de Rouen sous l’effet de la lumière voilée – et humide ! – de notre région, il est donc ressorti une esquisse interdisciplinaire de l’inconscient, une forme multiple et mouvante, quelque chose d’intermittent qui s’allume dans l’altérité de la rencontre.

Marie-Hélène Doguet-Dziomba, déléguée régionale de l’ACF-Normandie, a conclu en nous invitant à nous saisir de ce que la psychanalyse lacanienne comportait d’expériences et de connaissances à propos de cet objet invisible qui ne se symbolise pas, qui reste masqué derrière la matérialité du signifiant visuel mais qui vibre du désir inconscient et de ce qu’il comporte de manque à être.

Vendredi 16 septembre - 18h

Atelier Monet,
Place de la Cathédrale
Rouen (76)
(au premier étage de l’Office du Tourisme)

Consulter le Plan d’accès »

Tarif libre

Partenaires : Association La Main à l’Oreille, Centre Interdisciplinaire sur l’ENfant (CIEN), Association Autrement dit, Association Geppetto, Association Cause freudienne Normandie.

Renseignements :
Philippe Lemercier 06 72 27 94 79

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