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Publié le samedi 30 décembre 2017

ECF - Question d’Ecole

Nouvelles figures du psychanalyste

Samedi 3 février 2018 - Paris

L’Ecole de la Cause Freudienne propose une journée d’étude – Question d’École – le samedi 3 février 2018 de 9h à 18h :

<center><big>Nouvelles figures du psychanalyste</big></center>


Effets politiques de la formation

Eveil, acte et action

Quelle est cette potion magique donnant aux adhérents du Champ freudien une force de mobilisation politique efficace qui ne fait que croître ces deux dernières décennies ? Le constat de cette vitalité n’est pas seulement le nôtre. Il est partagé par un grand nombre de personnes qui ne s’engagent pas nécessairement dans la voie analytique.

Est-ce le fait que la psychanalyse telle qu’elle rayonne à partir de notre École séduit particulièrement des individus ayant une conscience politique vigoureuse ? Nous pensons au contraire que c’est la formation du psychanalyste qui politise le « candidat ». Non pas qu’elle le rende davantage fervent d’un discours de « gauche » ou de « droite ». La formation desserre les adhérences aux idéaux. Si le psychanalyste, toujours en devenir, est porteur d’un idéal politique, c’est pour autant que sa formation n’est pas encore aboutie. En revanche, si cette formation est politisante, c’est qu’elle le transporte des impasses individuelles de sa subjectivité vers une implication dans la « subjectivité de son époque1 ».

En 2003, suite à l’amendement Accoyer qui visait l’obtention d’un contrôle étatique de leur formation, les psychanalystes sont sortis une première fois de leur neutralité clandestine pour initier une série d’actions de défense de la psychanalyse, des psychanalystes et de leur pratique. Depuis lors, cette action n’a jamais cessé et on a eu l’occasion de le constater encore récemment en Belgique autour de la loi sur les professions de santé mentale et en France lors de la lutte contre le projet de résolution dit « Fasquelle » qui visait à « interdire et condamner » la psychanalyse dans le traitement de l’autisme. Mais l’effet politique de la formation, au-delà de la défense de la psychanalyse et de sa clinique, a été isolé de façon particulièrement aigue lors de l’année écoulée, dénommée par Jacques-Alain Miller « l’année zéro du Champ freudien ». Dans sa conférence du 24 juin dernier2, il décrit ainsi la traversée qui eut lieu à ce moment-là : « quelque chose a été touché qui a mis en question et même en cause les fondements même du discours psychanalytique […]. Débouler sur la place publique, prendre parti dans la consultation électorale, en appeler à l’opinion des citoyens et se mobiliser sur l’ensemble du territoire national, cela n’a jamais été fait dans l’histoire de la psychanalyse ». Après 37 ans d’incubation, d’élaboration autour de l’éthique de la psychanalyse et de prédominance du « retour à la clinique » lancé en 1981, l’École est passée à un autre niveau.. Ainsi, la prise de partie de l’ECF contre les ennemis du genre humain est, selon Jacques-Alain Miller, une passe de l’École comme sujet.

Cette École-sujet qui vient de faire cette traversée n’est pas un individu. Elle est divisée, ce qui la met à l’abri de la folie. C’est dire qu’il n’y a pas une position unique qui serait celle du sujet de l’École. Celui-ci se déduit plutôt de la grande conversation continue entre ses membres dans leurs diverses positions. Toutefois, une chose est claire : la position axiomatique du psychanalyste en tant qu’indifférent, en tant qu’il ne prend pas parti, n’est pas un mot d’ordre. Elle n’a jamais été promue ni par Freud, ni par Lacan.

L’effet politique de la formation n’est pas présent uniquement dans la « réalité transindividuelle du sujet3 » de l’École. Il est présent tout d’abord dans les cures quand celles-ci produisent du psychanalyste. La chute des idéaux, la désidentification, la traversée du fantasme et la réduction du symptôme ont des incidences non seulement sur la clinique de l’analysant-praticien, mais aussi sur le style et l’intensité de la mobilisation politique de chacun. Lacan invite « celui qui ne peut rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque4 » à renoncer à la cure dite « didactique ». Ceci ne veut pas dire que l’action politique est nécessairement le lot de tout psychanalyste, mais que dans tous les cas son acte politique est déduit d’un rapport éveillé au réel, dégagé de tout idéal ou programme préconçus.

Lors de la journée Question d’École du 3 février 2018, nous souhaitons tirer quelques conséquences de l’année zéro du Champ freudien sur la formation du psychanalyste et sur les nouvelles modalités de son action dans le monde.

Gil Caroz, Président de l’ECF

Notes :
1 Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 321.
2 Cf. Lacan TV, Les cours de Jacques-Alain Miller
3 Lacan J., ibid.
4 Lacan J., ibid.

Après la séance...
Un texte de Marie-Claude Sureau.

« Vous savez, qu’au sens de Lacan, poursuivre la série, c’est la seule façon d’être sérieux. Ça consiste en particulier à tirer les conséquences de ce qu’on dit, et surtout les conséquences des conséquences. Ça, c’est spécialement difficile, parce qu’il arrive plus souvent qu’on ne le souhaite, que les conséquences des conséquences ne soient pas d’accord avec les prémices. » Extrait du cours de J.-A. Miller « Du symptôme au fantasme et retour »

La trame de cette journée qui a eu lieu ce 3 février est bien mise en avant dans le titre même de la journée « Nouvelles figures du psychanalyste – Effets politiques de la formation, éveil, acte et action ». Les effets politiques de la formation des psychanalystes se sont laissés entendre dans différentes contributions, pas seulement dans celles des AE qui ont été « lumineuses » pour reprendre « Le premier témoignage » de Clotilde Leguil. Nous sommes dans le temps de l’analyse des conséquences des conséquences des engagements politiques de J.-A. Miller et de l’ECF de l’an dernier, que ce soit à propos des élections présidentielles pour lesquelles J.-A. Miller a réveillé les psychanalystes sur la « dédiabolisation » dangereuse pour la démocratie de Marine Le Pen et du discours de l’extrême droite, ainsi que sur un fourvoiement possible dans un discours de protestation qui risquait de renforcer le discours du maitre. Gil Caroz a rappelé que c’est par les élections en Allemagne que les nazis étaient entrés au pouvoir. Christiane Alberti a fait valoir que son « Choix de vie », ne la menait pas vers l’engagement politique mais vers l’engagement dans la psychanalyse. Cependant l’an dernier deux occurrences l’avaient amenée à s’impliquer en tant que présidente de l’ECF dans les combats contre le projet de loi Fasquelles sur l’autisme puis à organiser des Forums Scalp partout en France contre la candidature de Marine Le Pen et enfin appeler à voter Macron.

Nous constatons aujourd’hui que ces deux initiatives ont été entendues, suivies, comprises par le plus grand nombre même si des discussions et des avis différents se sont manifestés à propos de l’appel au vote Macron, sorte de choix forcé comme l’a rappelé P.-G. Gueguen, ce qui l’amène aujourd’hui à lire les discours humanistes de Macron sur fond de décisions néo-libérales utilisant toujours plus les ressorts et outils des sciences neurocognitives comme l’a rappelé Eric Laurent qui avait déjà intitulé son livre « L’envers de la biopolitique ». Eric Laurent rappelait la complexité de notre acte et de nos actions face à ce double discours. Par exemple « nous sommes contre les normes », et s’il y a eu le slogan de mai 68 « il est interdit d’interdire », cela a été suivi d’égarements par exemple Daniel Cohn-Bendit qui justifiait la pédophilie. « La pédophilie est la pédophilie on s’en occupe pour que ce soit moins fréquent en ce monde », a dit Eric Laurent qui propose donc « pas d’anti-normes mais un frein sur la jouissance ». Voilà une indication précise sur la nouvelle figure du psychanalyste.

Les nouvelles figures du psychanalyste ce n’est pas le psychanalyste enfermé dans son cabinet, Marie-Hélène Blancard a rappelé cette phrase de Lacan « qu’il y renonce ( à être psychanalyste) celui qui ne rejoint pas la subjectivité de son époque ». La « subjectivité de notre époque » c’est ce sur quoi cette journée nous a tous éclairé et ce sur quoi nous y avons appris. C’est en parlant de ce qui a fait « trou » pour l’ECF dans les évènements des attentats et l’annulation des Journées en 2015 qu’un aperçu sur la nécessité de nous y intéresser toujours plus s’est affirmé tout au long de cette journée. Eric Laurent avait lors de son séminaire à l’ECF travaillé sur le fin de l’enseignement de Lacan pour préparer le congrès de Rio sur « Le corps parlant et l’inconscient réel » Il nous reste à travailler sur ce qu’est l’inconscient réel comme l’a indiqué J.-A. Miller à Rio. Anaëlle Lebovitz Quenehen a rappelé que c’est suite à un trauma que l’Ecole s’est mise en route l’an dernier, il nous faudrait anticiper les futurs combats qui seront les nôtres et rester donc en « éveil » sur ces points pour décider d’actions à mener. Si c’est aux conséquences des conséquences qu’on mesure l’acte, ce qu’a impulsé J.-A. Miller l’an dernier nous apparaît aujourd’hui à l’heure d’analyser les conséquences des conséquences du registre de l’acte. Ce sera aussi le travail de l’Ecole Une à Barcelone qui nous permettra de préciser encore plus les « Nouvelles figures du psychanalyste. »

Samedi 3 février 2018 de 9h à 18h.
Accueil à partir de 8h30

Maison de la Chimie
28 rue Saint-Dominique – 75007 Paris
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Entrée 50 euros

Inscription :

en ligne sur le site de l’Ecole de la Cause Freudienne

Contact et renseignements :

01 45 49 02 68

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