Connexions
Recherche
Par activités
- Activités ROUEN
- Activités LE HAVRE
- Activités EURE
- Activités CAEN
- Activités CHERBOURG
- Rouen archives
- Le Havre archives
- Eure archives
- Caen archives
- Cherbourg archives
- À ÉCOUTER
- AUTISME
Publié le lundi 6 avril 2015
Préparation à la rencontre PIPOL 7 VICTIME !
Endoctrinement et passage à l’acte terroriste
Mardi 21 avril - Rouen - 21h
Pour préparer les débats de la rencontre PIPOL 7 - VICTIME ! - L’Association Cause Freudienne en Normandie organise une rencontre sous le titre :
L’ACF-Normandie a consacré la soirée du 21 avril à la préparation des prochaines journées PIPOL 7 - VICTIME !. Cette soirée s’est déroulée sous l’angle de l’actualité immédiate avec deux exposés.
Nous avons d’abord entendu le cas clinique déployé par Marie-Claude Lardeux-Majour, celui d’un homme incarcéré pour terrorisme. Notre collègue a décrit le parcours de ce français issu de l’immigration, bien intégré socialement, professionnellement et familialement, jusqu’au moment de sa radicalisation. Des entretiens qu’elle a eus avec lui, il ressortira que son passage à l’acte meurtrier, commis au nom du Prophète, n’était pas tant motivé par la foi que par le désespoir. Elle a déployé les stratégies d’endoctrinement qui ont fourni des réponses toutes faites à cet homme, au moment où sa paternité le confrontait à un abîme sans nom. Il s’est alors appuyé sur les commandements qu’on lui donnait sur le web au nom de l’Islam, pour être un homme et être un père. Marie-Claude Lardeux-Majour a également pointé l’identification de cet homme, qui se vivait comme un paria, aux victimes qui lui étaient montrées : enfants musulmans mutilés, djihadistes affamés, tous victimes de la société occidentale. Ce discours l’a conduit à retourner son vécu d’anéantissement en combat héroïque, jusqu’à « l’évidence de sa mort ». Le temps de l’incarcération est devenu pour cet homme le temps pour lire et pour bien dire. Alors que le savoir lui était jusque là disponible automatiquement sur simple demande formulée à la machine, comme le relève Jacques-Alain Miller1, la rencontre avec un aumônier imam de la prison lui a ouvert un nouvel accès au savoir, à partir d’une lecture du texte sacré dans sa version quiétiste. Cet accès au savoir, moins immédiat, impose d’en passer par l’Autre. Le psychanalyste soutient ce travail sur la lettre, en se faisant partenaire de ce sujet dans sa recherche du bien dire.
A côté de ces solutions qui s’élaborent au un pas un, le législateur met au point des réponses qui s’appliquent à tous. Jean Berkani, magistrat, avocat général honoraire auprès de la Cour de cassation, nous a fait saisir, dans un discours enlevé, l’évolution de l’arsenal législatif concernant la lutte contre le terrorisme. On ne compte pas moins de treize lois successives depuis la première,qui remonte à 1986, jusqu’à celle du 13 novembre 2014. Lors de cette soirée, Jean Berkani a plus spécialement mis l’accent sur cette dernière loi de novembre 2014 et sur le projet de loi relatif au renseignement, qui devrait être votée le 5 mai prochain en procédure accélérée. [On peut écouter l’intervention de Jean Berkani en cliquant sur l’image ci-dessous.]
Selon le magistrat, cette frénésie à légiférer témoigne de l’impuissance du législateur français et de ses angoisses face au terrorisme. A chaque fois, la liberté en ressort un peu plus écornée. Concernant le projet de loi sur le renseignement, il était en préparation depuis juillet 2014, les attentats de janvier en ont précipité l’écriture. L’approche des pouvoirs publics relève Jean Berkani s’y révèle « essentiellement répressive et (elle est) très réductrice ». Elle marque une montée en puissance des services de renseignement aux dépens du pouvoir des magistrats de l’ordre judiciaire, garants des libertés individuelles. Ce projet organise un contrôle qui ne s’adresse pas à la seule prévention du terrorisme mais s’étend « à des causes d’intérêt majeur » qui restent mal définies. Par ailleurs, le bureau pénitentiaire sera inscrit dans la communauté des services de renseignement, l’amendement Taubira ayant été repoussé qui faisait valoir la différence entre la justice et le renseignement. Jean Berkani relevait qu’instituer le service pénitentiaire en renseignement conduit à dévoyer le rôle des services pénitentiaires qui, comme le résume la Chancellerie citée par Libération, est de « veiller au bon ordre des établissements, à la sécurité des détenus ainsi qu’à leur réinsertion2 ». Et pour contrôler les services de renseignement, une nouvelle commission est mise en place, la CNCTR, commission nationale de contrôle des techniques de renseignement, dont l’avis est consultatif et ne lie en rien le Premier ministre. Par ailleurs en cas de menace imminente, le Premier ministre n’a pas besoin de l’avis de la Commission.
Jean Berkani concluait sur le fait que pour combattre le terrorisme, l’approche des pouvoirs publics consiste à « provoquer un débat asphyxié dont les seules considérations tiennent au déplacement du curseur entre liberté et sécurité », opérant cette transaction fatale entre liberté et sécurité, à laquelle Eric Laurent nous rendait sensible dans son article « Occupy terror3 » .
Valérie Pera Guillot
Notes :
1 Miller J.-A., « En direction de l’adolescence », Intervention de clôture à la 3e journée de l’Institut de l’Enfant.
2 Libération, « Des écroués davantage écoutés », samedi 11 et dimanche 12 avril 2015, p. 8.
3 Laurent E., « Occupy terror : les places et le trou ». Lacan quotidien n° 456.
Pour écouter l’exposé de Jean Berkani, magistrat, avocat général honoraire auprès de la Cour de cassation, cliquez sur l’image ci-dessous :
Comment un homme français issu de l’immigration a basculé dans l’islamisme radical, faisant de lui d’abord une victime puis un criminel ? Condamné à une lourde peine de prison pour acte terroriste (tentative de meurtre sur des policiers), cet homme explique comment la prison s’est avérée une solution singulière pour l’aider à sortir de son enfermement idéologique. Le signifiant « victime » s’est noué à celui de « persécution ». Sa violence, commise au nom de l’Islam, était motivée moins par la foi que par le désespoir et un sentiment d’anéantissement. Ses efforts visent à se « déradicaliser », à se dégager du discours paranoïaque, en trouvant des « outils intellectuels » pour sortir de l’ignorance.
Cela passe essentiellement par un travail sur la langue, l’arabe. Il s’est mis à traduire les textes du Coran, mettant en avant comment l’usage de la métaphore pose problème pour lui. Aujourd’hui il poursuit ce travail de déchiffrage du Coran et de « dévictimisation ». Cela passe aussi par la psychanalyse qui lui permet de se dépouiller de tout conditionnement, de ses certitudes, de subjectiver sa parole et, à travers son travail sur la langue, de soutenir ses trouvailles.
Marie-Claude Lardeux Majour, membre de l’ACF - Normandie interviendra sous le titre : « Je suis l’élu » : de l’endoctrinement au passage à l’acte terroriste (voir ci-dessous)
Notre invité sera Jean Berkani, avocat général, qui nous éclairera à partir de ses connaissances en tant que juriste sur les questionnements du législateur en cours actuellement autour de la radicalisation et du terrorisme. Ce sera l’occasion pour les psychanalystes de converser avec le magistrat sur les réponses à élaborer entre interdit et invention.
Mardi 21 avril 2015 à 21h
Hôtel des Sociétés savantes
190, rue Beauvoisine – Rouen (76)
Consulter le plan d’accès.
Renseignements :
Marie-Claude Sureau
Revenir à l’Accueil du site ».
Accéder directement à l’Agenda ».