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Publié le mercredi 25 mai 2022

Vers le colloque de l’ACF en Normandie...

Newsletter #5 - « Paroles ... Paroles ... »

QUELLES PAROLES POUR QUELLE PRATIQUE ? Paroles standardisées, paroles inutiles et fécondes, parole impossible.


Le Dr Catherine Grosbois est médecin psychiatre, membre de l’ECF et de l’ACF en Normandie.
Catherine, tu nous parles, à l’occasion de la préparation de ce colloque, d’une drôle de rencontre ; par le coté saugrenu que semble prendre l’offre de parole, -pour une maman que l’on a tenté de dissuader d’entreprendre ce qui semblait aux yeux de gens très sérieux, pure vanité-, elle m’a évoquée celle de St Antoine de St Exupéry et du Petit Prince : « S’il te plait, dessine-moi un mouton ! ». Dis-nous vite ... !

« Paroles inutiles »

Histoire de Joël

Je rencontre Joël dans le cadre d’un CAMPS avec sa maman.
Il a presque 2 ans, mais se tient comme un enfant de 9 ou 10 mois, en raison d’une malformation génétique qui ralenti le développement neuro-musculaire, et le prive du tonus de la colonne vertébrale. Il a des yeux très expressifs, et se sert de ses mains pour attraper un petit livre, dont il tourne les pages.

Je m’inquiète, après les présentations qui le font sourire, (mais c’est une caractéristique de ce syndrome génétique dit l’article médical), de l’intégrité de son audition, ce qui est le cas.
Je vais donc faire attention spécialement à ce que je dis, devant lui.

Maman demande, à la suite de médecins consultés (qui ont fait le diagnostic) les rééducations à mettre en place ; elle insiste sur la mise en place des « communications alternatives », c’est-à-dire des rééducations qui comprennent la langue des signes ou les pictogrammes. « Je ne rêve pas » dit-elle.

Dans la conversation avec maman j’entends une petite voix qui prononce une syllabe, un phonème :
- « a »
- Je réponds : « a ? » avec une intonation interrogative.
Joël me sourit mais cette fois, avec un visage beaucoup plus expressif, (montrant que le sourire est en effet la position de repos des expressions faciales), mais ce sourire-là est adressé.
Maman continue comme s’il ne s’était rien passé. Je lui dis qu’elle peut répéter les bruits qu’il produit, et même montrer sur le livre les images de l’éléphant et du lion.
Maman devient très triste, et affirme : « Mais il m’a été dit que je ne devais pas lui parler, ça ne sert à rien, il ne parlera sans doute pas ! »

Je la rassure, oui, il y aura les soins nécessaires, j’ajoute qu’il n’y a pas souvent de miracle, mais comme il entend, elle peut lui désigner l’image qu’il a dans la main, et montrer ce qui l’intéresse elle. Très émue elle me dit : « Oui ? Je peux pointer ? ».
Je vais bien sûr répondre par l’affirmative. Elle va me remercier plusieurs fois à notre séparation.

Mais ce qui va me toucher par-dessus tout, c’est le petit bonhomme qui va faire des efforts durant nos échanges, pour faire bouger ses muscles faciaux, prendre des expressions, sortir dans un souffle une autre syllabe :
- « oooo…  »
Je dis voilà le babillage !
- Maman répète doucement : « ooo »

Enfin, au moment où je dis « au revoir ! » il se met à bailler, avec un air très sérieux ! Et un peu endormi.

Pourquoi parler à quelqu’un qui ne parlera pas ?
Simplement parce que cela fait plaisir à dire ! mais aussi à entendre.

Rendez-vous le 4 juin !


Télécharger l’affiche du colloque :

Renseignements et inscriptions auprès de Laurence Morel :
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Télécharger le bulletin d’inscription au colloque :


Pour préparer le colloque QUELLES PAROLES POUR QUELLE PRATIQUE ? Paroles standardisées, paroles inutiles et fécondes, parole impossible., on peut lire :
- La présentation du colloque et l’argument
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