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Publié le dimanche 3 avril 2016

Université Populaire Jacques-Lacan

IRONIK ! – Mars 2016

Le bulletin Uforca numéro 14





Francis Bacon, Oedipe et le sphinge,
d’après Ingres, 1984.








 {{Le rire d'Éole – Contingence, mon obligée}}


« Lacan nous a laissés sur la nécessité de faire avec la contingence du réel, c’est-à-dire avec l’invention et la réinvention, sans aucun fatalisme. » (Jacques-Alain Miller, 30 janvier 2008)

Voilà, voilà, la vie n’est pas un songe.
Sigismond, le héros de Calderon se réveille d’un long emprisonnement, à la faveur d’une guerre civile. Il se libère des prévisions aliénantes lues dans les astres par le grand astrologue : ce sont elles qui étaient tyranniques avec la détermination signifiante qu’elles ont produite. Sigismond sort de sa buée, s’allège, affronte ce qu’il était pour son père et va jusqu’à reprendre en main son destin comme son sceptre.

Non, non, la vie n’est pas un songe. Il y a le réel, celui des guerres civiles. En logique modale, ça ne cesse pas de ne pas s’écrire, soit une absence de rapport. Mais parfois, il m’arrive quelque chose qui ne devait pas. Une jouissance particulière se produit touchant à l’enveloppe du symptôme. La contingence, alors, est la modalité d’une rencontre qui me sort des rails de ce qui ne cessait pas de s’écrire. Ne suis-je pas son obligée ? Le hasard n’est pas toujours drôle : il y a les accidents, les agressions, des guerres, le corps qui fout le camp, la mort, le sexe et toujours l’exil... Les rencontres sont bonnes ou mauvaises. Angoissantes, elles me convoquent dans la vie par le réel auquel elles me confrontent. Je nie l’impossible, l’infatuation me guette. Je nie la contingence, je survis peut-être mais le fatalisme – ou le nihilisme, sa version occidentale – me soumet.
Et si je la saisis ? À partir de ce qui a cessé de ne pas s’écrire, fugace, de nouveaux effets subjectifs peuvent se produire, d’un nouveau nouage du corps avec le symbolique que l’écriture s’aventure à faire apparaître... Poétique.

Au réel de l’impossible et à celui de la contingence, l’analyste est convoqué quand il mène une cure. Dans la clinique, le réel de la contingence fait fi du DSM, des propositions de dépistage des troubles psy, de l’application théorique soi-disant psychanalytique qu’on colle intelligemment à la pratique. L’écriture de l’universel, si fade, est inopérante à le saisir. L’analysant est entraîné vers des rives poétiques singulières, l’invention et la réinvention...

Sorti du songe, n’est-ce pas à dire qu’un analyste est tenu à la lecture et lui aussi à la poésie ?

Ironikement vôtre,
Marie Laurent

Le billet du cartel

Les textes que nous allons découvrir nous donnent des lumières pour éclairer, quelques instants, ce réel toujours opaque, innommable, source de malentendu. Ce numéro d’Ironik nous rappelle par quel biais le réel se présente : par des bouts.

Dans cette série nous verrons le réel en lien au corps. Un chemin qui va, entre deux congrès de l’AMP, le dernier concernant le réel mis à jour au XXIe siècle et le Congrès à venir dans quelques jours sur le corps parlant.

Les textes suivants vont parcourir les thèmes de la contingence, du réveil et de l’angoisse.

Prenons la contingence, qui relève de l’imprévisible. Le corps devient son support. Le réel comme impossible à supporter vient incommoder le corps.

La pratique analytique doit s’amorcer par la contingence de la rencontre de deux corps. Cette contingence va démontrer aussi l’impossible du rapport sexuel. C’est dans la contingence que les signes du réel impossible à supporter vont pouvoir s’isoler dans les symptômes.

Passons au réveil. Le corps sort de la mécanique répétitive de la vie, de l’automaton, par le réveil. Nous lirons ici que « c’est l’émergence du réel qui peut réveiller », un réel qui rappelle la finitude et la mort et qui va secouer le corps, le sortant de son sommeil. L’analyste va « nommer la pulsion » par l’éveil produit, pour atteindre un bout du réel. Il s’agit de l’éveil singulier à chacun que seulement une clinique orientée par le réel permet de saisir.

Pour finir, nous trouverons dans ce numéro des lectures freudiennes, minutieuses, sur l’angoisse. Elle est l’affect du réel, celle qui serre et nous réduit au corps, qui le mobilise ou le paralyse, suspendu, dans l’attente. Nous suivons le cheminement freudien pour cibler le surgissement de l’angoisse et nous verrons comment la phobie est un traitement du réel.

Rosana Montani-Sedoud

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TRAVAUX D'UFORCA

Du réel « contingent »
Chantal Bonneau, section clinique de Nice

La contingence est un autre nom du hasard. Dans l’expérience de notre quotidien, elle prend souvent des airs de surprise, heureuse ou malheureuse, elle est un choc qui fait intrusion et rompt avec l’habitude et le connu. Nous pourrions dire que c’est ainsi qu’elle se présente en psychanalyse, à la différence près qu’avec Lacan, la contingence se logicise et présente des coordonnées précises(…). Dans mon titre : « du réel contingent », il s’agira de lire la question de la contingence à partir du réel, c’est-à-dire du tout dernier enseignement de Lacan… Lire la suite ..

Puis-je espérer me réveiller un jour ?
Franck Rollier, section clinique de Nice

« Pour Freud, le rêve, voie royale d’accès à l’inconscient, obéit au principe de plaisir et il s’oppose au principe de réalité que le rêveur affronte quand il se réveille. Le rêve, nous dit-il, protège du réveil, il s’y oppose même car il est le « gardien ordinaire du sommeil », au service du désir de dormir… » Lire la suite ...

Des destins de l’angoisse ou la phobie baladeuse
Jessica Choukroun-Schenowitz, section clinique de Nice

« L’angoisse, du latin angustia, dérive du verbe « serrer », « resserrer » et signifie d’abord « étroitesse » et « lieu étroit, défilé ». En français moderne, le mot désignera à la fois un malaise physique, une oppression et un état moral pénible… » Lire la suite ...

Les figures de l’Autre dans le Séminaire X : l’angoisse comme signal du réel
Frédérique Bouvet, section clinique de Rennes

Jacques Lacan dans « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose » nous indique que « la condition du sujet S (névrose ou psychose) dépend de ce qui se déroule en l’Autre... » Lire la suite ...

L’angoisse dans l’œuvre de Freud
Jean-Louis Woerlé, section clinique de Rouen

« Il est possible de dire d’emblée que Freud tente avec l’angoisse de jeter un pont entre signifiant et jouissance, entre symbolique et réel. C’est ce que nous allons tenter de démontrer… » Lire la suite ...

NOS LANCEURS D'ALERTE

LA VIE EST UN COURT EXIL
Albert Dadas, aliéné voyageur

Sylvain Macalli

« La question des migrants, par l’ampleur des phénomènes de migrations massives, occupe le devant de la scène journalistique et politique depuis quelques mois… » Lire la suite ...

S.K. BEAU
Au delà du marbre figé, l’envol de la langue

Philippe Lacadée

« La langue vivante, Fabrice Luchini dit ne pas l’avoir apprise à l’école. Elle courait, quand il était enfant dans le quartier des Abbesses. C’est avec « la bande », et par eux, que la puissance de l’oralité lui a été révélée… » Lire la suite ...

LACAN SENS DESSUS DESSOUS

Myriam Perrin interviewe Alice Delarue

Alice Delarue a choisi pour nous, un extrait du Séminaire de Lacan, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse : « la véritable formule de l’athéisme n’est pas que Dieu est mort – même en fondant l’origine de la fonction du père sur son meurtre, Freud protège le père – la véritable formule de l’athéisme, c’est que Dieu est inconscient ». Lire la suite ...

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