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Publié le vendredi 18 mars 2022

Université Populaire Jacques-Lacan

IRONIK ! – Mars 2022

Le bulletin Uforca numéro 50




LE RIRE D’EOLE

Les deux versants de la dépathologisation


Dans la famille de la « dépathologisation » je voudrais… le père… La revendication d’abraser toute dimension pathologique a bien des ancêtres, et non des moindres.

S’il est de bon ton, aujourd’hui, d’extraire toute dimension pathologique pour prétendre à la normalité, la dépathologisation lacanienne est bien d’un autre type, puisqu’elle vise une conception non-pathologique du symptôme afin d’en extraire la différence absolue. D’un côté le tous-pareils, de l’autre la différence absolue1.

Lors de la présentation de l’ouvrage Ornicar ? Lacan Redivivus à la librairie Mollat2, J.-A. Miller rappelait combien la grande clinique psychiatrique n’était plus d’actualité. La dépathologisation souhaitée par tout un chacun, comme affirmation d’un mode de jouir, voire d’un style de vie, résulte d’un « prenez la parole » démocratique. Miller demandait : peut-on déplorer que les droits de l’homme prennent le pas sur la clinique ? Dans ce cas, le sujet est avant tout juridique. Voilà l’une des conséquences de l’État de droit.

Mais alors : quid du parlêtre, quid de sa jouissance, de sa parole, de ses empêchements, embarras, entraves, symptômes ? Quid de la clinique ?

Dans cette même intervention, Miller rappelait l’importance de connaître la clinique pour outrepasser la clinique : dépathologiser, d’accord, à condition de connaître la clinique classique.

C’est bien pourquoi ce numéro d’Ironik ! est consacré à la psychiatrie classique.
Gaëtan Gatian de Clérambault, Emil Kraepelin, Ernst Kretschmer, Jules Séglas, Paul Sérieux et Joseph Capgras, Jean-Étienne Esquirol et le cas de Pierre Rivière…

Il faut les lire ces psychiatres, les imaginer même, chercher dans le menu détail l’origine des symptômes, en saisir la causalité, ne pas rester au ras des phénomènes. Distinguer une « folie du doute » qui ne serait pas attachée à la névrose obsessionnelle, différencier paranoïa et mélancolie, où la méchanceté de l’Autre est présente mais pas à la même place…

Si la dépathologisation actuelle vise à lisser les aspérités, la psychiatrie classique s’intéresse aux accrocs. D’un côté une normalisation qui ferait taire le plus singulier, de l’autre une clinique des strates et du divin détail. C’est bien là l’attention donnée à la préciosité des achoppements, répétitions, sédiments et alluvions, qui fait l’éthique du clinicien.

Pénélope Fay

Notes :
1 Matet J.-D., « Au « tous pareils » produit par la dépathologisation sauvage qui renforce les effets de masse et abrase les effets-sujets, déclinons celle que la psychanalyse, avec Freud et Lacan, nous propose en soulignant le Un de la différence absolue. » L’Hebdo-Blog n°259.
2 Présentation du 5 février 2022 à la librairie Mollat à Bordeaux, disponible ici

Accéder directement à IRONIK ! n°50 et son contenu


SOMMAIRE :

TRAVAUX D’UFORCA

A LA UNE


« La folie du doute (avec délire du toucher) » S’en passer, s’en servir
Armelle Guivarch, Antenne clinique d’Angers

« La clinique psychanalytique est celle du parlêtre, de l’humain qui tient son être de la parole et qui a un corps. Elle est ironique : comme le « dit-schizophrène », le psychanalyste sait que tout discours n’est que défense contre le réel, contre le trouma de la rencontre d’un corps avec la langue et ses effets de jouissance. Dès lors, « tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant ». Lire la suite


NOS DERNIERES PUBLICATIONS


Apport de la mélancolie - De la clinique psychiatrique à la clinique psychanalytique
Danièle Olive, Antenne clinique d’Angers

« Le sujet de l’inconscient selon Lacan est aussi vide que celui de la science. Il est irréductible à toutes les manifestations d’un moi conscient. Le sujet est d’emblée division par où se manifestent des pensées qui ne sont pensées par « personne » ». Lire la suite

Pierre Rivière au temps d’Esquirol - Logique subjective du passage à l’acte dans la psychose
Marga Auré, Antenne clinique d’Angers

« Qu’est-ce que « l’affaire Rivière » ? Pourquoi cette affaire a acquis une si grande importance en psychiatrie ?

Pierre Rivière commit le 3 juin 1835 à Aunay, dans le Calvados, un triple meurtre en tuant sa mère de quarante ans, enceinte de six mois et demi, sa sœur Marguerite-Victoire de dix-neuf ans et son petit frère Jules de sept ans ». Lire la suite

Gaëtan Gatian de Clérambault
Valérie Pera Guillot, Antenne clinique d’Angers

« Au même titre qu’il isole un postulat fondamental, clé de voûte de l’érotomanie, Clérambault s’attache à rechercher le mécanisme générateur de nombre de délires alors que les aliénistes français avaient plutôt, jusque-là, mis l’accent sur la thématique délirante : persécution, mégalomanie, filiation etc ». Lire la suite


LIRE AVEC

Il s’agit de lire avec Lacan les expressions du discours contemporain. Et de lire Lacan avec, comme points d’interrogation, ces déclinaisons.

REUSEMENT LA LETTRE
Pierre Malengreau, De la violation de l’accord grammatical

« La plupart des effets de fascination que produisent les œuvres d’un peintre, d’un poète ou d’un musicien, se situent « au joint du symbolique et de l’imaginaire » (…) Les effets de fascination sont, de ce fait et pour une part importante, des effets de sens. Loin de mésestimer ces effets de fascination, Lacan considère que leur analyse est « exigible » au nom même de la place que le sens prend dans l’expérience. L’analyse ne va pas contre le sens. Elle « recourt au sens », elle opère à partir de lui, mais c’est pour « le réduire » et toucher ainsi « de temps en temps » quelque chose du réel de la jouissance. »Lire la suite

SKBEAU
Philippe Lacadée, Le Nom de ce qui a eu lieu

« Le poids des mots donne une force considérable au roman Le voyage dans l’Est de Christine Angot. Elle y écrit l’indicible d’une relation qui a dévasté son enfance, saccagé sa vie amoureuse, ravagé sa vie ». Lire la suite


LACAN SENS DESSUS DESSOUS

Dalila Arpin interview Sophie Gayard

Sophie Gayard a choisi de commenter cette phrase de Lacan « Un trauma est toujours suspect ». Lire la suite


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