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Publié le mercredi 3 mai 2017
Le Prélude de la déléguée régionale de l’ACF-Normandie
Prélude de mai
Mai 2017
Vous trouverez dans ce numéro de POL de remarquables échos du Forum SCALP qui eut lieu le 26 avril dernier sous le titre « La haine de l’autre, c’est la haine de soi ». Lydie Lemercier-Gemptel en a rédigé un après-coup précis, qui fait caisse de résonance aux énonciations fortes, authentiques et diverses qui se sont fait entendre. Je garde en mémoire en particulier les mots dits dans une langue étrangère pour lui et les silences bouleversés de notre ami Mahmoud Bitar, jeune avocat, réfugié syrien, exilé en France de son pays, de sa famille et de sa langue maternelle depuis 1 an et demi. Ce qu’il a réussi à nous transmettre m’a fait revenir en mémoire cette phrase de Lacan : « C’est cette victime émouvante, évadée d’ailleurs irresponsable en rupture du ban qui voue l’homme moderne à la plus formidable galère sociale, que nous recueillons quand elle vient à nous, c’est à cet être de néant que notre tâche quotidienne est d’ouvrir à nouveau la voie de son sens dans une fraternité discrète à la mesure de laquelle nous sommes toujours trop inégaux1. »
Le sillon ouvert ce soir-là autour de l’accueil de « l’étranger » et de l’étrange qui est en nous, nous continuerons à l’approfondir lors de la soirée préparatoire à PIPOL8 « Précarité, exils, asile : clinique hors-les-normes » vendredi 5 mai à Rouen. Nous y entendrons des travaux cliniques de collègues travaillant dans les structures mobiles (équipes PASS PSY et RESPIRE rattachées au Nouvel Hôpital de Navarre d’Evreux) qui accueillent des sujets exilés/réfugiés dont c’est peu de dire la précarité de leur situation. Ils nous transmettront ce qui fait boussole pour eux : « Il s’agit de permettre à chacun, qu’il soit demandeur d’asile, réfugié, en recherche de régularisation ou sans-papier de retrouver les signifiants maîtres de son histoire, ceux qui l’ont poussé sur la route de l’exil, en isolant ce qui lui revient, afin qu’il s’extraie du tourbillon de la mondialisation qui menace de le faire disparaître. » Il s’agit d’accompagner « ces sujets que les discours actuels traitent souvent avec méfiance quand ils ne font pas l’objet d’un discours paranoïaque ».
Enfin j’attire votre attention sur deux autres initiatives qui touchent aussi à l’accueil de la singularité, balayant les miasmes des discours ambiants actuels.
Une rencontre organisée par l’association Chemins d’enfance sous le titre « Prendre la parole... et grandir – Des lieux d’accueil pour l’enfant et ses parents » : y sera interrogé le « saut » de l’enfant qui consent au langage, quittant le monde de l’infans où il n’a pas encore la parole mais jouit dans son corps des sonorités de son babil.
Enfin vous pouvez avoir la chance d’aller voir le film de Julie Bertucelli « Dernières nouvelles du cosmos » : « Ce film-documentaire nous présente Hélène auteure de textes puissants à l’humour corrosif. Elle fait partie, comme elle le dit elle-même, d’un « lot mal calibré ne rentrant nulle part ». Elle accompagne un metteur en scène qui adapte son œuvre au théâtre, elle dialogue avec un mathématicien. Pourtant elle ne peut ni parler, ni tenir un stylo, et n’a jamais appris à lire ni à écrire. Un des nombreux mystères de celle qui se surnomme Babouillec. »
Barbouillec Sp (sans parole) sera là, avec sa mère, et pourra dialoguer avec la salle – avec la participation de La Main à L’Oreille et du CIEN !
Marie-Hélène Doguet-Dziomba,
Déléguée régionale de l’ACF-Normandie
Notes :
1 Jacques Lacan, Ecrits, p. 124.
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