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Publié le vendredi 7 mars 2014

Séminaire ACF-Normandie – Le Havre

La bataille de l’autisme

Les jeudis 18 sept., 27 nov., 18 déc. 2014, 22 janv., 19 fév., 2 avr., 21 mai, 25 juin 2015

Les membres de l’ACF - Normandie du Havre et de sa région se sont réunis le 6 juin 2013. La discussion autour des projets gouvernementaux concernant l’autisme fut vive, aussi la décision fut prise de procéder à une lecture attentive du livre d’Eric Laurent, La bataille de l’autisme (Navarin, Le Champ Freudien, octobre 2012).

Lors des cinq premières séances de travail (d’octobre 2013 à février 2014) nous avons étudié la première partie de cet ouvrage intitulée « La cause de l’autisme ». Puis les séances suivantes (avril – mai – juin) ont été consacrées à l’étude de la seconde partie : « Chronique d’un dysfonctionnement démocratique ».

- Jeudi 18 septembre 2014 : Lors de cette séance de travail, Marie-Hélène Doguet Dziomba a présenté des pistes de réflexion sur « l’invention »..

- Jeudi 27 novembre 2014 : Extraire le vif, ouvrir la discussion à propos du livre d’Eric Laurent La bataille de l’autisme – pour engager des perspectives de travail, tel était le fil de la soirée. - voir compte-rendu ci-dessous.

- Jeudi 18 décembre 2014 : Serge Dziomba a présenté le texte d’Enric Berenguer et Mariela Roizner - « Acheminements vers la parole dans l’autisme » - paru dans la revue La Cause Freudienne 78 - Des autistes et des psychanalystes.

- Jeudi 22 janvier 2015 : Lors de cette séance de travail, Sylvie Vitrouil présentera le texte d’Ivan Ruiz – « Préliminaire au traitement de l’autisme, La question de la voix » – paru dans la revue La Cause Freudienne 78 - Des autistes et des psychanalystes.
Voir compte-rendu ci-dessous.

- Jeudi 19 février 2015 :
« Vous allez voir, c’est un autiste, un Asperger, je ne sais pas si vous pouvez en tirer quelque chose ».
« Je suis asperger » - c’est ainsi que se présente Adrien après un passage au CRAHN qui l’a orienté vers ma consultation, il faut qu’il parle.
Panique, les autistes je les ai perdus de vue depuis longtemps, alors c’est l’occasion de revisiter à partir de cette pratique ancienne et de cette nouvelle rencontre quelques conceptions amenées par Fernand Deligny, Bruno Bettelheim, Henri Rey Flaud et Rosine et Robert Lefort. Un après-coup…

Jean-Yves Vitrouil



- Jeudi 2 avril 2015 :
Martine Beuzelin présentera le texte de Jean-Claude Maleval - « S’orienter du fonctionnement de l’autiste » paru dans la revue Quarto n°108 - Autisme ! (septembre 2014)

- Jeudi 21 mai 2015 :
Michèle Couboulic présentera le texte de Jean-Claude Maleval - « La rétention des objets pulsionnels au principe de l’autisme » paru dans L’autiste créateur, Inventions singulières et lien social sous la direction de Gwénola Druel, Presses Universitaires de Rennes, avril 2013.

Compte-rendu de la séance du 22 janvier

Lors de la dernière séance du Séminaire « La bataille de l’autisme », la présentation par Sylvie Vitrouil de l’article d’Ivan Ruiz « Préliminaires au traitement de l’autisme. La question de la voix » – paru dans la revue La Cause Freudienne 78, Des autistes et des psychanalystes.– a permis une intéressante discussion sur ce que je qualifierais après-coup la clinique du parlêtre. Dans ce remarquable article, l’auteur dégage une « unité structurale » de l’autisme autour d’une « constante » : la préoccupation de séparer le langage de l’énonciation, de séparer la voix du signifiant. « Pour l’autiste, note Ivan Ruiz, la voix est un objet pulsionnel ; il doit constamment y être attentif, afin de le localiser chez l’Autre, de s’en défendre et de le neutraliser ». Il précise que « la voix est le premier objet dont l’autiste n’a d’autre choix que d’en être accompagné ». Il évoque à ce propos un « dysfonctionnement de la pulsion invocante (…) une difficulté spécifique à habiter subjectivement et affectivement une parole qui leur est adressée ».
Le concept d’« objet pulsionnel » rend peut-être mal compte de ce qui est en jeu dans la jouissance de la voix, dès lors qu’elle n’est pas régulée par le signifiant. « Dans l’acte d’ouïr, l’autiste ne considère pas la cohérence de la chaine verbale, ni la signification du message dont la compréhension implique une prise en compte de l’énonciation et de son assise sur le signifiant maître » précise Ivan Ruiz. Au fond, l’autiste s’appuierait sur « la modulation sonore », voire « la puissance musicale » pour neutraliser ce qui de la voix n’appartient pas au registre sonore de la parole : la jouissance obscène de la voix, une voix sans énonciation, une substance jouissante séparée de la chaine signifiante.
D’une part l’autiste se défend d’un Autre trop pesant et incontournable, d’autre part il poursuit son élaboration avec les éléments dont il dispose – la paire signifiante ouvert/fermé, allumé/éteint etc. Nous retrouvons cette double action dans le rapport à la voix : l’autiste se défend de l’énonciation (dans les mots qu’il entend ou qu’il prononce) et il s’en défend par l’émission ou la fabrication de sons « tendant à neutraliser le poids angoissant de l’objet invocant ». Ce point est crucial dans les préliminaires du traitement. Il s’agit en effet d’être attentif à ces sonorités, dissociées de la parole, car elles sont une production de l’enfant en lien direct avec la défense – et cette dissociation peut permettre une petite ouverture dans la défense, condition pour que l’analyste insère sa propre voix à l’intérieur de la substance sonore de l’enfant et puisse y faire trou. Ivan Ruiz nous montre dans plusieurs cas comment « la sonorité, dissociée de la parole, débouche sur une entrée soudaine de l’enfant dans une véritable « proto-conversation » avec l’autre, d’où peut s’ébaucher pour lui « un lieu de référence auquel s’adresser ».
Par exemple Xavier qui entrechoque des petits objets les poings toujours fermés, dans les bras de sa mère. Le son produit va devenir dans les premières rencontres « un indice d’ouverture à l’Autre ». L’analyste répond aux séquences de sons en frappant dans ses mains ouvertes. Cet échange de sons (qui inclut la paire fermé/ouvert) va se répéter dans la satisfaction et va s’élargir, Xavier ouvrant ses poings pour frapper à son tour dans ses mains, tapant des pieds, introduisant des variations d’intensité ; puis découvrant d’autres objets pour cet échange avec l’analyste, et des sons pour accompagner la séparation d’un objet qu’il donne à l’autre – mais à la fin de chaque séance Xavier prend toujours congé en rappelant cette frappe des mains.

Marie-Hélène Doguet Dziomba

Compte-rendu de la séance du 27 novembre

La réflexion sur les thématiques à développer pour l’année à venir, a dégagé plusieurs points : une collègue psychologue en milieu scolaire a fait état de son questionnement autour de l’usage des « diagnostics » d’autisme, TDA, « dys »…etc... dans l’institution scolaire et de leurs effets en retour sur les familles et les professionnels. Au travers de plusieurs situations qu’elle a présentées, marquantes par la violence de ces effets, la discussion a permis d’opérer une discrimination entre la question « diagnostique » en elle-même telle que la subvertit le discours analytique et la tentative souvent désespérée de nommer ce qui a surgi d’un trauma, pour le signifiantiser et le faire rentrer dans le discours courant de l’Autre social marqué aujourd’hui au sceau de la « normalisation » ; l’école apparaît en effet pour certains sujets comme le lieu du trauma par excellence faisant surgir un corps traumatisé marqué d’une étrangeté radicale tant pour la famille que pour les enseignants et les différents professionnels qui sont alors mobilisés par le cas de l’enfant. L’affect majeur qui se dégageait des différentes situations était celui de la panique – panique de parents qui ont trouvé comme « solution » de « normalisation » la plongée du corps de leur enfant dans la méthode ABA mais qui s’affolent lorsque ce corps s’agite un peu « ce n’est pas normal » ou lorsqu’il développe des jeux « pas comme les autres (enfants) » montrant pourtant une certaine inventivité. – panique d’une équipe de SESSAD autisme n’arrivant pas à apaiser un enfant en grande souffrance à l’aide d’une « méthode » estampillée « autisme » et qui en désespoir de cause en venait à remettre en cause…le « diagnostic » d’autisme (à l’instar d’un Jean Delay qui considérait que la dépression était ce qui était soigné par les antidépresseurs…) – panique d’une mère face au signifiant de « psychose » pour épingler son fils supposé autiste, apaisée ensuite par le terme de « dysharmonie évolutive » etc. Dans ce grand charivari, dans cette conflagration signifiante, qu’est-ce que le psychologue en milieu scolaire orienté par la psychanalyse a « à leur dire » ? Comment trouver dans chaque situation un dire qui puisse faire trou, qui puisse faire inconsister suffisamment certaines significations normatives trop lourdes, qui puisse « redonner une dignité à l’anormal », quel que soit le destin ultérieur des résonances de ce dire ? L’école semble aujourd’hui un lieu marqué par la collision de plusieurs discours en voie de décomposition (le discours pédagogique, le discours éducatif, le discours médical) où surnagent des ilôts épars qui peinent souvent à donner son assiette à un lien social habitable. C’est pourquoi il serait important que ce séminaire puisse accueillir des échanges autour de ces questions avec des professionnels travaillant en milieu scolaire.

La discussion s’est ensuite portée sur la méthode de travail : il a été proposé de prendre au sérieux la proposition d’Eric Laurent dans La bataille de l’autisme, à savoir « la mise à l’épreuve de nos hypothèses par leur « plongement » dans le réel de la clinique et par la vérification des effets qu’elles y produisent »1.

Nos hypothèses sont :
- 1) celle du corps parlant, corps sujet, parlêtre
- 2) celle de l’objet autistique défini par une topologie des circuits de la jouissance.

A partir de là, il s’agira de faire des allers-retours entre les expériences cliniques telles qu’elles nous sont transmises actuellement dans le champ freudien (en particulier dans la « revue de La Cause Freudienne 78 » - Des autistes et des psychanalystes2 - et dans le dernier numéro de Quarto (108) - Autisme !3) et des textes théoriques récents (en particulier les ouvrages collectifs L’autiste, son double et ses objets4, L’autiste créateur, inventions singulières et lien social5) ou plus anciens (Rosine et Robert Lefort, Bruno Bettelheim, Fernand Deligny etc.)

Marie-Hélène Doguet-Dziomba


Notes :
1 Eric Laurent, La bataille de l’autisme, Navarin - Le Champ Freudien, 2012, p.197
2 La Cause freudienne, nouvelle revue de psychanalyse, n°78, Des autistes et des psychanalystes, juin 2011, Navarin
3 Quarto, revue de psychanalyse publiée en Belgique, n°108, Autisme !, septembre 2014
4 Jean-Claude Maleval (dir.), L’autiste, son double et ses objets, Presses Universitaires de Rennes, 2009
5 Gwenola Druel (dir.), L’autiste créateur, inventions singulières et lien social, Presses Universitaires de Rennes, 2013

Ce séminaire a lieu les jeudis 18 septembre, 27 novembre, 18 décembre 2014, 22 janvier, 19 février, 2 avril, 21 mai, 25 juin à 21h

à l’UCID, Hôpital Pierre Janet, 47 rue de Tourneville, Le Havre (76)
Consulter le Plan d’accès

Renseignements :
Sylvie Vitrouil 02 35 42 19 21

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