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Publié le dimanche 1er octobre 2023

L’Edito du délégué régional de l’ACF-Normandie

Propos

Octobre 2023







Comme vous le savez les 53e journées de l’ECF auront lieu les 18 et 19 novembre. Le titre autour de l’interprétation permettra de déployer ce qui en fait les ressorts et son efficace qui apparaît toujours et seulement après-coup dans une analyse. Ce thème, s’il intéresse les praticiens de la psychanalyse, vaut aussi pour celles et ceux dont le travail s’appuie sur la parole en particulier dans le champ psycho-médico-social. Car ils se confrontent au quotidien au statut et à l’usage qui est fait de l’interprétation.

Chacune et chacun est confronté à l’interprétation car elle est incluse dans la parole même. En effet qui parle, comme tel interprète. D’une certaine façon, l’interprétation est partout, explicite ou sous-jacente. L’humain comme être parlant baigne dans l’interprétation. Ce qu’il entend, il l’interprète, ce qu’il dit est interprété. Et lorsqu’il se tait, l’absence de mot ouvre à l’interprétation à tout vent. A partir de là, une caractéristique de l’être parlant est ce rapport permanent à l’interprétation qui, parce qu’ouverte au sens, rate et la relance. Donc, l’interprétation est première. A ce titre, elle est un enjeu pour le discours psychanalytique.

La psychanalyse, son orientation lacanienne, concentre ce qu’enseigne ce qui se passe dans une analyse qui est tournée vers l’écoute du message inconscient. Et qu’est ce message sinon une interprétation ? Ce à quoi l’analysant et le praticien ont à faire n’est ni plus ni moins que l’inconscient interprète. Jacques-Alain Miller a fait valoir là quelque chose d’essentiel concernant l’inconscient qui est au cœur de la praxis analytique depuis Freud. Finalement, l’interprétation auquel a à faire l’être parlant, il en est le siège. Ce qui apparaît dans l’expérience d’une analyse est qu’Il en souffre, elle déclenche sa passion et les tentatives d’explications sur le fatras général. Alors quel en est le cœur ? Notons que ce qui apparaît dans le propos toujours interprétatif d’un analysant tourne autour d’un point, d’une chose spécialement élue, qui est ainsi soulignée, dont le sens est éternisé. L’interprétation, celle de l’être parlant en analyse, vient répéter la présence de cette « chose » en la nourrissant par du sens. Lacan nomme cela le sens-joui. Ici apparait la jouissance véhiculée par la parole dont le siège est l’inconscient qui interprète, écho du corps affecté par ladite « chose ». Une analyse peut permettre de la serrer, de l’isoler. Cette opération de serrage et d’isolation ne peut se faire par le sens qui certes, tourne autour mais la rate car c’est un semblant qui l’habille et n’en est donc que la forme. Cette affectation du corps parlant qui se jouit ainsi est au cœur de ce qui se joue pour qui se présente à l’expérience d’une analyse, elle est pour cette raison l’os de la pratique analytique. L’éclairage est à mettre sur ceci : la façon dont le corps parlant se joui est propre à chaque un car il y a ici ce qui ne peut ni être socialisé, ni collectivisé faisant la singularité d’un parmi les uns-tout-seuls, autres. Ici nul pluriel.

Alors comment opérer justement sinon par l’interprétation de l’interprétation, par une interprétation particulière, à l’envers de l’interprétation définie à partir du sens qui ne fait qu’ajouter du sens au sens. Il s’agit d’interpréter l’interprétation lorsqu’elle se présente à l’analysant et qu’il la livre dans la séance analytique. Cette autre interprétation s’appuie sur le dire de l’analysant soit son énonciation quand il la prononce. Elle ne s’intéresse pas aux seuls énoncés de son propos qui laissent de côté son corps qui se jouit. Elle scande, ponctue, coupe. Le corps de l’analyste est de la partie. L’accent est mis sur la boucle qui implique le corps qui parle avec le dire qui l’affecte. La « chose » alors devient isolable après moult tours et retours. Cette « chose » dans le discours analytique se nomme « le symptôme », écrit « sinthôme » par Lacan.

Je finis en paraphrasant Éric Laurent : ou bien le sens de l’histoire ou bien le symptôme.

Serge Dziomba, délégué régional de l’ACF en Normandie

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