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Publié le vendredi 25 septembre 2020

Séminaire Janus « Lacan pour tous » – 2020-21 – Rouen

Alpha plus Bêta, un lieu pour parler de la théorie : « Le corps, son image et son trouble »

Les mercredis 25 nov., 16 déc., 27 janv., 17 fév., 21 avr. et 23 juin – Rouen



Le Séminaire Janus comporte Alpha plus Bêta : un lieu pour parler de la théorie et Schmilblick, un lieu pour parler des pratiques. Alpha plus Bêta et Schmilblick ne sont pas symétriques l’un de l’autre...

Alpha plus Bêta : un lieu pour parler de la théorie


La théorie psychanalytique ne constitue pas un ensemble fermé, un tout dogmatique, mais au contraire un ensemble ouvert (sans totalité), toujours remanié par l’opacité ou le réel qui aimante la pratique. L’enseignement de Lacan est radical parce qu’il met la faille entre théorie et pratique1 au cœur de l’élaboration de l’expérience analytique – cette faille traverse la théorie elle-même, qu’on la nomme sujet, manque, trou, objet a, jouissance etc. Au fond cette faille est liée à l’incidence du langage en tant que tel, elle est liée à l’impact du signifiant sur les corps parlants et les développements logiques qui en sont la conséquence.

Voilà le point de départ de la pratique et de la théorie psychanalytiques. Parler de logique signifiante vient déplacer la question des rapports entre théorie et pratique ; elle nous met sur la piste de la lecture et de l’écriture. Qu’est-ce qui se lit dans une pratique ? Qu’est-ce qui peut s’en écrire ? Quels sont les liens entre la lecture et l’écriture ? Entre l’opacité et le sens ? C’est à partir de la parole et du signifiant qu’une pratique qui a pour boussole la psychanalyse peut opérer, avec l’éthique du bien-dire, même si le praticien s’oriente, lui, à partir de ce qui résiste au sens, de ce qui fait opacité.

Nous vous proposons de venir parler de théorie à partir de ce point de départ. Pour cela, chaque soirée sera animée par un binôme. L’un aura écrit le texte d’un cas ou d’une situation issue de sa pratique, l’autre l’aura lu et de sa lecture découlera un premier travail en commun ; ils nous en livreront le résultat qui mettra en exergue les concepts permettant une lecture du cas ; ceci rendra possible une conversation autour de toutes ces élucubrations.

Alpha plus Bêta s’adresse à tous ceux qui sont taraudés par leur pratique et la tentative de l’éclairer, d’en rendre compte, et plus particulièrement aux jeunes praticiens, et aux moins jeunes ! Alpha plus Bêta s’adresse aussi aux étudiants et à tous ceux qui s’intéressent à l’enseignement de Lacan, et se demandent comment… le lire !

Le Séminaire Janus comporte, outre Alpha plus Bêta, Schmilblick , un lieu pour parler des pratiques, qui n’a pas lieu le même jour. Schmilblick n’est pas symétrique d’Alpha plus Bêta ; tous ceux qui participent à Schmilblick sont invités à venir à Alpha plus Bêta, l’inverse n’est pas proscrit mais n’est pas prescrit non plus ! A chacun de faire selon son goût !

Marie-Hélène Doguet-Dziomba

Note :
1 Notre époque psy, celle du DSM, se veut « athéorique », aspirant à dissoudre le champ de la clinique dans des listes syndromiques sous la férule des « preuves scientifiques » souvent assimilées à des chiffres voire des algorithmes. Ces listes « athéoriques » sont d’une autre nature que ce que Lacan appelait « l’enveloppe formelle du symptôme », elles sont déconnectées du réel de chaque patient, et méconnaissent la logique signifiante qui donne son armature structurale à chaque cas. Elles laissent de côté le rapport complexe entre théorie et pratique. Car une pratique est toujours sous-tendue par une théorie qui n’a pas besoin d’être éclairée pour avoir des effets ; et une pratique s’inscrit toujours dans un discours qui lui donne son cadre ; quant à la théorie d’une pratique, elle suppose toujours un certain usage du concept, un « mésusage » selon Lacan, si l’on considère que jamais un concept n’abolira le réel en jeu dans la pratique.


Le Séminaire se poursuit cette année, en s’adaptant aux restrictions liées à la gestion de la crise sanitaire. Nous gardons la formule mise au point depuis plus de deux années : un praticien associé à un lecteur, élaborent par la discussion un texte à partir de l’écriture d’un « cas » issu de la pratique et de sa théorisation. Ce texte est soumis aux participants dans l’optique d’une conversation, ayant pour objectif d’extraire une logique et des points théoriques, à même d’être utiles pour éclairer d’autres cas. Pour améliorer l’immersion des participants dans l’expérience, nous avons décidé d’envoyer le texte quelques jours avant la séance de travail, aux participants qui en auront fait la demande.
Pour favoriser l’extraction théorique et une série convergente des différents cas que nous examinerons, nous avons décidé de choisir une thématique générale pour cette année : « Le corps, son image et son trouble. »

Tous ceux qui veulent participer au Séminaire et qui n’en n’ont pas encore fait la demande sont invités à le faire auprès de moi. La prochaine séance aura lieu le mercredi 16 décembre à 20h30 en vidéoconférence par Zoom. Vous recevrez les consignes et le lien ce jour-là.

Marie-Hélène Doguet-Dziomba

- Mercredi 25 novembre 2020 – Alexia Hautot et son lecteur Serge Dziomba
« Regarder c’est tromper »

Une femme dérangée dans sa féminité »
Une situation de « stress » intolérable amène Mme D à consulter. Avec ce premier mot d’autres surgissent lui permettant de mettre au premier plan une perturbation faite de ce qu’elle nomme « pensées sexuelles » honteuses et refusées, empreintes de dégoût. Ces pensées ont une fonction de répétition déplacée, un éprouvé traumatique s’y actualise où le corps est dans l’affaire. Au fil des séances un chemin s’ouvre sur lequel apparaissent les enfants qu’elle ne supporte pas, la stérilisation comme choix et bien d’autres choses encore marquant le dérangement qu’elle éprouve. Le regard est là insistant, fixé, au service d’une répétition. Mme D va tenter de s’en extraire par la recherche d’un « ailleurs ». Ses rêves viennent en écho avec ce qui se passe dans son corps. Ils mettent en valeur les façons dont elle est troublée par son corps dérangé. Ici, ce qui résonne indique bien la relation complexe entre le signifiant (les mots) et la jouissance en trop chez cette femme. Emprunter le chemin d’une analyse lui est devenu possible, à partir de l’urgence de traiter un insupportable.
Alexia Hautot et Serge Dziomba

- Mercredi 16 décembre – Zoé Godefroy et sa lectrice Marie-Hélène Doguet-Dziomba
« Mélanie ou comment constituer un lieu pour la parole »

Mélanie rencontre Zoé depuis trois ans en consultation dans un CMPP. Mélanie témoigne dans leurs rencontres d’une parole qui a bien du mal à s’arrimer au corps propre, celui de la libido ou de la jouissance. Mélanie est envahie par la langue familiale et plus généralement par la langue des autres – il s’agit de paroles, de formules, de « souvenirs », d’insultes qui traversent son corps et se manifestent sous forme de quelque chose qui surgit et s’impose à elle.
Mélanie développe plusieurs réponses à cet envahissement qui surgit de partout et nulle part : elle peut « renvoyer » aux autres les messages insensés dont elle est le siège, ce sont alors les « histoires » (« je suis toujours dans les histoires même quand je n’y suis pas »), tentative pour trouver un destinataire à ce qui n’en a pas, elle se répand sans fin auprès de n’importe qui ou auprès de son entourage. Elle peut aussi distribuer des « claques ». Elle peut également s’approprier les paroles ou les actes de certains de ses proches dans un transitivisme incluant la dimension de suggestion et d’injonction que comporte, pour elle, la parole qu’elle entend et qu’elle émet. Elle est enfin le siège de réponses corporelles répétitives à cet envahissement : ses membres tremblent et « bougent tout seuls » lorsque surgissent certains « souvenirs » de violence paternelle, son corps fuit lorsqu’elle « rigole » avec sa mère, elle étouffe d’angoisse lorsqu’elle doit faire du sport.
L’orientation de Zoé dans les séances sera de tenter d’isoler les énoncés propres à Mélanie, les distinguant des énoncés envahissants qui viennent des autres. Pour cela, Zoé doit à chaque fois constituer un lieu propre à la parole – car la parole émise et entendue doit se constituer grâce à un circuit minimum qui passe par un lieu d’inscription ; c’est la condition pour que l’énoncé propre à celui qui parle puisse devenir un « dire », c’est-à-dire renvoyer à une énonciation et à un arrimage au corps de jouissance. Qu’est-ce qui fait que ce que je dis, c’est moi qui le dis ? Qu’est-ce qui fait que ce que je dis, est pris dans une signification pour moi ?
Pour constituer ce lieu, il s’est agi par exemple d’aider Mélanie à se « retenir » et à choisir dans son établissement scolaire deux interlocutrices privilégiées, ce qui permet à Mélanie de parler à Zoé de ce qu’elle leur dit. Un autre exemple consiste à donner des séances aux moments des cours de sport qui l’angoissent. Avec ce lieu, toujours à constituer, certains énoncés de Mélanie vont pouvoir être distingués comme tels – ça c’est elle qui parle, ça c’est bien son corps qui réagit à certaines situations, ça elle peut le faire sans passer par sa mère, ça ce sont bien des scénarios suicidaires qui peuvent la mettre en danger et nécessitent une hospitalisation etc.
Au fond Mélanie nous enseigne quelque chose d’important sur la parole et sur la nécessité pour chaque « parlêtre » d’inventer une fonction à la parole en prise sur la jouissance du corps.
Marie-Hélène Doguet-Dziomba

- Mercredi 27 janvier – Nathalie Herbulot et sa lectrice Catherine Grosbois
« Parler fait il toujours du bien ? »

Parle ! Voilà ce que cette petite fille entend de sa maman. Elle est triste, et maman qui la questionne s’inquiète de ce que sa fille ne dit pas ce qui la rend triste.
« Parle à la psychologue » dit le maitre, qui fait de son mieux.
Mais la petite ne dit toujours rien, et pleure à être inconsolable. Elle témoigne seulement de l’angoisse qui surgit de ne pas savoir pourquoi elle pleure.
C’est une autorisation à ne pas tout dire qui fera surgir du nouveau : la psychologue devient celle qui pourrait ne plus venir ! Alors ? Il y a aussi un autre partenaire pour cette petite fille. Son corps lui fait mal, est-ce une façon de parler ? Pas si sûr !
Nous verrons comment garder le fil de l’orientation donnée par la petite elle-même en tenant compte des effets produits va amener les séances à développer une problématique imprévue.

- Mercredi 17 février – Muriel Leroy Huet et sa lectrice Marie Izard
« Victor en quête d’une défense possible »

Victor, 7 ans , est un petit garçon pour lequel un diagnostic de troubles de l’oralité est posé après une hospitalisation consécutive à un épisode de déshydratation. Les parents s’adressent au CMP, leur demande s’articule autour des troubles de l’alimentation et du sommeil. Victor quant à lui, expliquera dès le premier entretien à la psychologue : « Tu sais pourquoi j’ai vomi, parce que j’étais perdu ! »
Nous verrons comment le travail patient avec la psychologue, Muriel Leroy-Huet va permettre petit à petit à cet enfant de se dégager de l’étreinte serrée dans laquelle il est pris, étreinte à la dimension mortifère. Il se met à la tâche d’ériger une protection, qu’il nomme dans un premier temps défense impossible.
Mais la partenaire sur laquelle il s’appuie tente de la faire glisser du côté du possible.
Des peurs, des monstres divers, plus effrayants les uns que les autres peuplent les nuits de l’enfant.
Le travail qui lui est proposé, orienté par la psychanalyse, assure à cet enfant la possibilité de trouver une boussole pour s’orienter. La psychologue s’empare de ce « je suis perdu », l’accueille et propose à l’enfant un chemin pour trouver ou re-trouver sa route.

- Mercredi 21 avril 2021 – Christelle Pollefoort et son lecteur Serge Dziomba
« Le rêve inaugural »

C’est l’urgence qui précipite cette jeune femme, soignante, à venir au cabinet. Son malaise, son mal-être, ont pris le dessus depuis longtemps. Mais là il y a un en-plus, un en-trop qui lui rend le malaise insupportable : un geste de sa part, incontrôlé, sur un nourrisson, le lui signale.
Alors, toutes les stratégies, les tentatives pour tenter d’apaiser voire contrôler ce qui la tourmente, lui paraissent vaines et à leurs tours deviennent insupportables. Les pensées qui la colonisent et dont elle ne peut se défaire, ses façons de faire jalonnant sa vie, tout cela fait retour et la frappe dans son corps. Elle se sent triste, infiniment.
Les tentatives pour se loger dans l’Autre, sa famille, son travail ou en couple, sont toujours brutalement interrompues par un mot, une phrase, une formule qui la laisse sans solution : c’est l’impasse.
Le corps de son image, elle n’en veut pas. Elle se voit trop grosse. Pourtant, lorsqu’elle regarde des photos qui la représentent jeune fille, elle y voit une silhouette plaisante.
Son corps est un lieu d’expérience avec par exemple la nourriture : elle se fait gonfler ou dégonfler au gré de ce qui la travaille. L’addiction à l’alcool durant plusieurs années est l’indice d’une répétition insistante.
L’amour, elle considère n’en avoir pas pour un autre et ne pas savoir ce que c’est, elle s’en défend.
De ses parents, elle dit avoir été considérée par eux comme « fragile ». C’est pourtant elle qui soigne et s’occupe sans compter de son père malade.
Comment la rencontre avec Christelle Pollefoort commence à modifier cet état ? Deux rêves sont essentiels. Elle pourra dire qu’elle se « soigne en soignant les autres ». Une porte peut s’ouvrir sur son implication dans son malheur subjectif. Car si elle ne la connait pas, elle en sait quelque chose. Ici, le regard prend toute son importance comme nous le verrons.
La prochaine séance du séminaire Janus se présente comme des plus intéressante. Nous y examinerons en particulier le rêve en tant qu’il signale du nouveau possible.
Serge Dziomba

- Mercredi 23 juin 2021 – Marie-Hélène Pottier et sa lectrice Marie-Hélène Doguet
« L’exigence pulsionnelle, ses circuits (longs et courts) »

Hortense est une jeune fille de 17 ans qui rencontre Marie-Hélène Pottier dans l’après-coup d’un abus sexuel. D’emblée la rencontre est singulière : Hortense vient soutenue par la présence de sa sœur, elle est comme absente de son corps, immobile, la voix monocorde, sans affect, le regard rivé sur celui de l’interlocutrice. Sa parole va pouvoir prendre consistance, soutenue par l’écriture, trouver une place et s’ordonner à minima. Hortense va s’appuyer sur le récit de ses cauchemars à répétition, sans que Marie-Hélène Pottier ne l’interroge jamais sur les « faits ».
Les séances vont dégager une « fixation » et une répétition : depuis la séparation de ses parents, à l’âge de 4 ans, elle ne peut plus être seule, il lui faut impérativement avoir « quelqu’un à côté d’elle » y compris la nuit. A deux reprises, une séquence (rupture de la mère d’avec un compagnon, nouvelle rencontre et naissance d’un enfant) sur fond d’absence, fait surgir pour Hortense un « appel » énigmatique autant qu’impérieux, elle est appelée à se faire l’objet de maltraitance sexuelle de l’autre. Cet « appel » et sa menace sont mis en scène par ses cauchemars. Lorsque sa mère n’est plus « à côté d’elle » se dévoile un vide énigmatique et un appel au pire qu’elle peut retourner contre elle dans un court-circuit suicidaire.
Grâce à sa rencontre avec Marie-Hélène Pottier, elle va pouvoir repérer les efforts incessants qu’elle fait pour s’assurer d’une place toujours menacée ; elle trouve en particulier un point d’appui imaginaire dans un dédoublement itératif, elle est toujours à côté d’une sœur, d’un frère etc. ; elle s’occupe de ses petits frères et sœurs au point de vouloir en faire son métier ; elle s’appuie aussi sur la présence de son père et sa belle-mère ; ses déplacements sont possibles dès lors qu’il y a du monde autour d’elle ; elle « s’habille » littéralement avec le roi lion – dont l’histoire, les images, les doudous sont une couverture au vide menaçant et à l’appel qui pourrait en surgir.
Au fil des séances qui s’avèrent vitales, dans tous les sens du terme, ce que nous voyons se dessiner, c’est un style de vie, avec ses impératifs, ses intérêts et ses lignes de brisure. Mais Hortense garde en main le fil qui se tisse.
La séance aura lieu une nouvelle fois en visioconférence Zoom.
Marie-Hélène Doguet-Dziomba


Ce séminaire est organisé sous la responsabilité de Marie-Hélène Doguet-Dziomba.

Il aura lieu les mercredis 25 novembre, 16 décembre 2020, 27 janvier, 17 février, 21 avril et 23 juin 2021 à 20 h 30.

Tant que les conditions sanitaires le nécessitent, les séances ont lieu en visioconférence.

Maison de la psychanalyse en Normandie,
48 rue l’Abbé de l’Epée, à Rouen (76).
Consulter le plan d’accès ».

Participation aux frais : 5 € par soirée ou 25 € pour l’année et pour l’ensemble des séminaires proposés par l’ACF-Normandie. Réduction de 50 % pour les étudiants.

Contacter Marie-Hélène Doguet-Dziomba pour obtenir des renseignements

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