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Publié le mardi 25 mars 2025
55es Journées de l’ECF
Le comique dans la clinique
15 et 16 novembre 2025 - Paris

Les 55es Journées de l’École de la Cause freudienne se dérouleront sous le titre :
Elles se tiendront les 15 et 16 novembre 2025 uniquement en présence au palais des Congrès à Paris.
C’est pour saisir ce qu’est le gain de plaisir associé au mot d’esprit que Freud considère les variétés du comique en distinguant celui qui s’applique à la personne propre « en faisant semblant d’être maladroit ou idiot1 » et celui visant à se moquer d’autrui par des situations ou des paroles.
Qu’il s’agisse de démasquer l’infatuation du moi ou de parodier l’image de l’autre comme support de l’identification, la signification du comique est l’avertissement que « tel ou tel que tu admires à l’égal d’un demi-dieu n’est lui-même qu’un être humain comme toi et moi2 ».
Lacan le reprendra en indiquant que le problème de l’Autre et de l’amour est au centre du comique3.
Le comique dans la parole
L’effet comique se fonde en premier lieu sur le cristal de la langue, c’est-à-dire par ce qui s’entend matériellement dans la parole comme homophonie, équivoque et double sens. Par la grâce de l’interprétation, l’analyste fait résonner cette matérialité signifiante qui vire à la lettre où poésie et comédie ont une origine commune fondée sur la métaphore.
Ici, point d’humour comme « outil thérapeutique » : en psychanalyse, on ne recourt pas aux blagues pour suggérer à l’analysant qu’il vaut mieux rire que pleurer. Cela reviendrait à faire parler le surmoi s’adressant au moi : « Regarde, le voilà donc ce monde qui a l’air si dangereux. Un jeu d’enfant, tout juste bon à ce qu’on en plaisante 4 ! »
Les deux comiques
Oui, en psychanalyse, un symptôme se déchiffre et c’est là sa face signifiante. Le symptôme est aussi ce qu’il y a de plus réel en chacun par son opacité subjective et l’exclusion du sens. Le comique dans la clinique se réfère à cette duplicité.
C’est ainsi qu’évoquant l’étude de Baudelaire sur l’essence du rire, Jacques-Alain Miller distingue le comique du signifiant et du signifié jouant sur les mots, tel le Witz, et le comique pulsionnel de l’objet a en ses effets grotesques5 .
Si c’est à l’analysant de percevoir le comique de son propre dire, quel emploi en fait-il : un usage de sens ou de non-sens ? Et pourquoi l’exaltation de l’humeur joyeuse se manifeste-t-elle dans la cure analytique de manière transitoire ?
Comique infantile
Lacan souligne que le sujet est heureux au niveau de la pulsion, car celle-ci se satisfait toujours à l’insu du moi. Or selon Freud, le comique de l’humour correspond à la défense du moi face aux blessures narcissiques infligées par l’épreuve de réalité. Nous pouvons dire que l’humour comme forme du comique est la défense contre le réel la plus opérante de se produire sans refoulement.
C’est pourquoi le comique chez l’enfant est une clinique susceptible d’éclairer la proposition d’après laquelle l’humour est la contribution du surmoi au comique6. Chez le jeune enfant, le comique est lié à l’imaginaire, il s’amuse de ce qui réjouit son entourage. L’enfant plus âgé manie le comique dans son adresse à l’Autre et saisit qu’un mot peut avoir plusieurs sens. Ce comique renvoie également à l’organisation sexuelle infantile avec le sadisme, le voyeurisme, l’exhibitionnisme, l’objet anal et l’auto-érotisme phallique.
Il s’agira par conséquent d’étudier la portée du comique infantile dans son rapport au jeu et sa fonction dans la psychanalyse avec les enfants.
L’échappée de la vie
Pour rendre compte des fantasmes et désirs inconscients impliqués dans la formation des symptômes, Freud tire parti de la tragédie d’Œdipe en inventant le complexe du même nom. Plus encore, le mythe de Totem et Tabou porte sur le meurtre du père par ses fils qui lui contestent le pouvoir de jouir de toutes les femmes. À ce propos, Lacan s’avise que Freud aurait pu associer la névrose à la comédie plutôt qu’à la tragédie puisqu’il est déjà bien difficile pour un homme de satisfaire une seule femme.
Ceci n’est qu’un exemple de la manière dont Lacan situe le comique dans un écart entre le concept – l’idéal si l’on veut – et le réel de la vie. Il l’illustre également par la belle métaphore du héros comique qui, malgré sa déveine, s’en sort toujours pour poursuivre vaille que vaille sa petite odyssée.
Définissant le phallus comme le signifiant de cette échappée de la vie, Lacan rattache le comique au sentiment de la vie7.
Comique clownesque
Mais alors, à quoi correspond le comique lorsque le sentiment de la vie fait défaut : s’agit-il du comique grinçant mélancolique ou du fou-rire maniaque ? Et comment saisir le comique sardonique dans la psychose, sinon qu’il est celui de l’Autre ? En plaisanter en se moquant de soi peut soulager. Qui voudrait jouir d’un personnage sans intérêt dont la présence au monde est vaine, voire ubuesque ? Se présenter dans le transfert comme une caricature de soi pour se défendre de la jouissance de l’Autre est l’une des faces du comique dans la clinique.
Ce comique clownesque de l’autodérision renvoie-t-il à la clinique ironique où l’Autre n’existe pas8 ? Ce sera à démontrer ou infirmer durant ces Journées.
Comique de l’amour
Lacan évoque encore le comique de la psychose dans l’un de ses derniers Séminaires. Il ne s’agit pas seulement de croire ici que La femme existe en passant sa vie à la chercher, mais d’en élire une en croyant à tout ce qu’elle dit comme s’il s’agissait d’une hallucination verbale9.
Un autre paradigme du comique est celui de la passion unique pour un objet. L’avare accroché à la jouissance de sa cassette bien-aimée en est un exemple fameux : ce n’est pas tant l’argent que celui-ci idolâtre que le rien situé aux confins de la Chose qui y est enfermé10.
Le comique de l’amour se soutient en outre de l’illusion de ne faire qu’un, la fabulette d’Aristophane de la bête à deux dos en étant l’illustration11. Et si la tragédie œdipienne n’est pas le fin mot de cette affaire entre les sexes, Lacan enseigne qu’en son centre se trouve un signifiant caché et définit le phallus comme l’essence du comique.
Le comique de l’amour correspond-il à la pantomime du fantasme d’être ou d’avoir le phallus ? La rencontre contingente entre deux savoirs inconscients ne produit-elle pas immanquablement un drôle de méli-mélo12 ?
La voie royale du comique
Aujourd’hui, la satisfaction solitaire est encouragée par une pornographie accessible en trois clics. Autrement dit, la jouissance de l’idiot n’est plus taboue, elle est devenue mainstream13.
Qu’en disent les psychanalystes : le comique dans la clinique est-il la voie royale pour saisir l’ampleur du malaise dans la culture ? Est-il l’index pointant l’inexistence du rapport entre les sexes dans l’inconscient ?
Les 55es Journées de l’École de la Cause freudienne sont ouvertes à tous. Soyez nombreux à ce grand rendez-vous de la psychanalyse, le plus sérieusement comique.
À bientôt.
Laura Sokolowsky
Directrice des J55
Notes :
1 Freud S., Le Mot d’esprit et sa relation à l’inconscient, Paris, Gallimard, 2009, p. 352.
2 Ibid., p. 357.
3 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre V, Les Formations de l’inconscient, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1998, p. 134.
4 Freud S., « L ’ humour » (1927), Œuvres complètes, t. XVIII, 1926-1930, Paris, PUF, 2002, p. 140.
5 Cf. Miller J.-A., « Vicissitudes du valet », Ornicar ?, n° 59, novembre 2024, p. 175.
6 Cf. Freud S., « L ’ humour », op. cit., p. 140.
7 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L ’Éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 362.
8 Cf. Miller J.-A., « Clinique ironique », La Cause freudienne, n° 23, février 1993, p. 7-13.
9 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XXII, « R.S.I. », texte établi par J.-A. Miller, Ornicar ?, n° 3, mai 1975, p. 110.
10 Cf. Lacan, Discours aux catholiques, in Le Triomphe de la religion, Paris, Seuil, 2005, p. 60.
11 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, … ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 181.
12 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 15 janvier 1974, inédit.
13 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 75
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