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Publié le lundi 7 octobre 2024
Les membres proposent... 2024-25
STUDIOLO - Lecture à plusieurs du livre d’Éric Laurent...
Les jeudis 10 octobre, 5 décembre 2024, 6 février, 27 mars 2025 - 21h - Visioconférence

Lecture à plusieurs du livre d’Éric Laurent L’envers de la biopolitique. Une écriture pour la jouissance
Plusieurs membres de l’ACF en Normandie se réunissent par zoom chaque mois pour lire ensemble et commenter le livre d’Éric Laurent, dans un aller et retour avec les textes de Lacan que lui-même commente.
S’en dégagent les perspectives nouvelles que le dernier enseignement de Lacan met à jour pas sans se référer à l’ensemble de son enseignement.
PS : pour voir le travail effectué en 2023-24 »
Jeudi 10 octobre :
Nous poursuivrons la lecture à la page 207, à partir de « Cette « déclaration » se dit en plus d’un sens ».
Jeudi 5 décembre :
Notre lecture reprendra à partir de la page 213, « castration et scabeaustration » et nous travaillerons en amont le texte de Jacques-Alain Miller « l’inconscient et le corps parlant » notamment concernant la dimension du sinthome et de l’escabeau.
Lors de cette séance, nous avons repris le fil de notre lecture au sous-chapitre intitulé « Castration et scabeaustration1 ». La première phrase nous a servi de fil d’Ariane. E. Laurent indique que « Joyce le symptôme s’arrête sur la façon dont la psychanalyse dit opérer sur une « jouissance opaque d’exclure le sens », alors que l’analyse recourt au sens pour la résoudre. La contradiction est radicale. Les deux propositions ne peuvent tenir ensemble qu’en ayant recours au Nom-du-Père comme instrument, une consistance supplémentaire, un quatrième rond2 ». Cela nous a donné l’occasion de rappeler que la dimension du Nom-du-Père s’inscrit du côté du sens, mobilisant donc le symbolique et que la jouissance opaque se situe du côté du réel. Pour joindre ces deux propositions radicalement contradictoires, E. Laurent note qu’il faut un terme supplémentaire, un instrument introduisant un usage. Nous nous situons donc entre une jouissance qui exclut le sens et le recours au sens. C’est un rond supplémentaire par rapport aux ronds des 3 instances : Réel, Symbolique et Imaginaire. Cela ne supprime pas la contradiction radicale, mais il faut un instrument pour aller au-delà de celle-ci. Ce quatrième rond est une manière de se servir du père. D’ailleurs Lacan parle de réparation, permettant de réparer la chaîne borroméenne, s’il y a eu erreur en deux points. Par exemple, si le symbolique se libère, c’est un moyen de réparer cette erreur et de faire conserver le nœud dans une position telle qu’il semble toujours faire nœud3. Cela renvoie à la proposition de Lacan concernant le père : « se passer du père, à condition de s’en servir ». Chez Joyce, par exemple, c’est se faire un nom, non pas du côté du Nom-du-Père, mais du côté du nom propre : « J’ai pensé […] que c’est de se vouloir un nom que Joyce a fait la compensation de la carence paternelle4 ».
Dans un premier temps de son enseignement, Lacan aborde la question de la métaphore paternelle du côté de ce qui donne sens à la jouissance maternelle, qu’il appelle, à cette période, le désir de la mère (le sens phallique). Cette jouissance n’en demeure pas moins énigmatique.
Dans « Joyce le symptôme5 » Lacan note les choses ainsi : « Être post-joycien, (à propos de la « jouissance propre au symptôme. Jouissance opaque d’exclure le sens6 ») c’est le savoir. Il n’y a d’éveil que par cette jouissance-là, soit dévalorisée de ce que l’analyse recourant au sens pour la résoudre, n’ait d’autre chance d’y parvenir qu’à se faire la dupe… du père ».
E. Laurent précise page 213 que « Cette façon de se faire la dupe [du père] de la bonne manière, de s’en servir pour s’en passer, inclut le savoir qu’un signifiant-maître en vaut un autre ». Or, dans la métaphore paternelle, le signifiant est un signifiant privilégié, un signifiant qui s’excepte et donc n’en vaut pas un autre. Ce qu’indique là E. Laurent c’est une nouvelle perspective proposée par J. Lacan, à savoir que peu importe le signifiant-maître, ce qui est important c’est l’usage que nous pouvons en faire.
De là, nous nous sommes interrogés sur cette phrase d’E. Laurent indiquant que « la castration change de fonction7 » ? Nous avons relevé que la castration ne porte pas forcément sur le signifiant phi, mais peut porter sur un signifiant-maître. Par exemple, c’est une fonction de la castration qui est plus généralisée et vient répondre à un réel qui est celui du non rapport sexuel. Alors, la castration devient la scabeaustration.
A propos de la castration, E. Laurent fait un détour par Freud, dont nous voyons les limites, le roc de la castration sur lequel il a buté. Toute son œuvre montre qu’il n’y a pas de possibilité pour lui de sortir du complexe d’œdipe, de la castration, de la culpabilité et du malaise dans la civilisation. Lacan poursuit l’œuvre de Freud et nous pouvons dire que la métaphore paternelle, le Nom-du-Père est une traduction lacanienne du complexe d’œdipe et du complexe de castration.
C’est ce prolongement de l’œuvre de Freud qui conduit Lacan a parler de père instrument et de version du père. Ainsi Joyce, peut se passer du père, tout en s’en servant comme modèle concernant son art. Joyce est « non dupe » tout en se faisant la dupe du père. C’est-à-dire qu’il en fait le portrait, dans une certaine forme de farce. Le drame devient farce. Lacan, dans Le sinthome l’évoque, concernant « la démission paternelle », où il considère que le père de Joyce ne lui a rien transmis. Cela implique, comme résonance chez Joyce, une mission, qui serait à la mesure de la démission paternelle.
J. Prévert lui-même, nous l’avons déjà évoqué, se faisait la dupe du père : « Pour le poète […] la figure paternelle est marquée du sceau de la dérision la plus totale [...] Il apparut à Jacques comme un père qui ne rimait à rien8 ». J. Prévert, lui, s’attachera à rimer à quelque chose, avec son ironie, il faisait un certain usage du père, il avait une version du père, dont il se servait à sa façon, pour créer.
Précisons : Joyce et J. Prévert se passent du nom-du-père et se servent de l’imposture paternelle, faisant de la démission paternelle – l’imposture – une mission, un sinthome. C’est peut-être une façon de ne pas être fou, de faire en sorte que ça ait l’air de tenir. Dès lors, nous pouvons admettre que de dénoncer l’imposture permet de s’en servir.
E. Laurent poursuit et nous indique ceci : « En revanche, dans le système de la père-version, du père instrument, la réduction de la croyance aux idéaux inscrits dans l’Autre de l’escabeau, tous ces instruments faits pour oublier la mort – la nôtre, pas celle du père – passent par l’impact réel de lalangue sur le corps qui produit le sinthome » : Les instruments du vrai, du beau et du bien sont faits pour oublier la mort, pour permettre de vivre avec un peu plus de légèreté. Dans Encore, Lacan qualifie ces idéaux de vrai, de beau et de bon, en reprenant les grecs. L’impact réel des mots sur le corps, c’est ce que Lacan appelle la motérialité, a savoir, le mot pris dans sa matérialité et s’incarnant dans le corps. C’est ce qu’il appelle « jouissance de la parole », dans le séminaire XX. Il y a un effet de la matérialité sonore du signifiant sur le corps et, Lacan relie le beau, le vrai, le bon, à la jouissance de la parole.
Dans une analyse, nous partons des idéaux, des identifications, de tout ce à quoi nous croyons, tout ce à quoi nous adhérons, tout ce dans quoi nous sommes pris, etc. qui élèvent, pour redescendre sur ce que nous avons de vissé au corps. Cela ne peut se produire que par une opération de réduction qui amène à « se défaire de l’escabeau », mais il s’agit de s’en défaire pour en avoir un usage. Mais pas n’importe quel usage. Il s’agit d’un autre usage que la croyance, ou une croyance différente, ce que E. Laurent note ainsi : « y croire sans y adhérer ». Si nous y croyons, nous sommes pris dedans, ce qui viendra empêcher d’en faire un certain usage ; nous ne pourrons pas le manier, s’appuyer dessus, faire un pas de côté.
Dans une analyse, nous examinons la jouissance de l’escabeau à partir de sa racine corporelle. C’est là la jouissance de l’escabeau réduite, celle qui passe par l’impact de lalangue sur le corps et c’est ce qui est laissé de côté par les idéaux de l’escabeau. C’est une orientation fondamentale d’une cure analytique s’orientant de l’enseignement de Lacan.
E. Laurent parle de « castration effectuée par le discours même sur la jouissance de l’escabeau9 ». En parlant l’analysant dit tout-à-fait autre chose que ce qu’il croyait dire : sa jouissance a parlé… Et, à chaque fois que quelque chose est écorné de cette façon de se représenter, cela a un effet de castration. C’est-à-dire que nous ne nous en servons plus de la même manière, comme pour briller par exemple. Quelque chose tombe. La phrase de Lacan, « quand je parle je jouis », indique cette jouissance de la parole dans l’analyse, mais pas sans un effet de castration par le discours qui opère sur la jouissance de l’escabeau. De fait, notons que le discours de l’analysant est un discours sur la jouissance de l’escabeau. Seule l’analyse permet de partir de cette jouissance, de la faire passer par sa racine corporelle, par la question pulsionnelle, par la question de l’impact sur le corps.
Cela veut dire en passer par le non rapport, la barre entre le signifiant et le signifié : quand l’analysant, par exemple, croit parler de telle chose et qu’en fait il découvre qu’il parle d’autre chose, il découvre l’équivoque du signifiant. Il découvre que ce qu’il croyait être un signifié éternel, se transforme, que quelque chose d’autre surgit. Puis le discours se coupe lui-même, les certitudes tombent.
Plus loin, E. Laurent écrit que « Nous n’avons le choix qu’entre la débilité de la croyance au corps, avec l’imaginaire troué qu’il implique et le délire10 ». En effet, nous croyons que notre corps est sphérique, mais en réalité nous avons un trou. Le secret de l’image, c’est qu’elle recouvre un trou. L’imaginaire troué dont parle E. Laurent, n’est plus exactement l’imaginaire du stade du miroir. C’est un imaginaire infra-spéculaire, avec l’histoire du sac, du zéro, du un, du deux, du trou, que nous avons déjà évoqué. Là encore, c’est la racine, c’est-à-dire qu’après tout ce qui est érigé, la gonfle de l’image repose sur un sac vide. C’est la racine logique, c’est un effort pour s’extraire du sens, s’extraire de l’image qui fascine, celle à laquelle nous adhérons. C’est un imaginaire qui est une perspective autre que celle du stade du miroir.
Lors de cette soirée, nous avons évoqué l’idée d’une rencontre à Rouen ou en visio, où nous inviterions E. Laurent, et ce, à la fin de notre lecture de son livre. Les collègues de la délégation y seraient conviés.
Alexia Lefebvre- Hautot
Notes :
1 Laurent E., L’envers de la biopolitique, p. 213.
2 Laurent E., ibid., p. 213.
3 Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, p. 94.
4 Lacan J., ibid.
5 Lacan J., « Joyce le symptôme », Autres écrits, p. 570.
6 Lacan J., ibid.
7 Lacan J., ibid.
8 Laurent D., « Lacan et Prévert », La Cause Freudienne n°79, pp. 192 - 196.
9Laurent E., L’envers de la biopolitique, p. 215.
10Laurent E., ibid., page 215.
Jeudi 16 janvier, jeudi 6 février :
Avant de poursuivre la lecture du livre de E. Laurent, L’envers de la biopolitique, nous étudierons, lors de cette soirée, le texte de Jacques-Alain Miller, intitulé « l’inconscient et le corps parlant » auquel E. Laurent fait référence dans son livre.
Nous avons commencé la lecture du texte de Jacques-Alain Miller, « L’inconscient et le corps parlant – Présentation du thème du Xe congrès de l’AMP à Rio en 20161. »
Dans un premier temps, nous avons repéré et avons questionné ce que Jacques-Alain Miller note à propos de l’amur2, dont il précise qu’il moque l’amour. Cela nous a fait dire qu’associer ces deux termes met en exergue l’idée d’un amour non réciproque ou alors, s’entendant dans une dimension d’être du même côté du mur. Pour Jacques-Alain Miller ce néologisme signifie qu’il nous « faut serrer à chaque fois le mur du langage pour essayer de serrer de plus près […] ce que nous faisons dans notre pratique analytique3 ». Notons qu’il s’agit là du « mur du langage », et que l’amour ne permet pas de le traverser. Précisons encore que dans amur, se situe le petit a devant le mot mur, signe que l’objet petit a est en jeu. Le petit a apparait aussi comme un a qui prive, aller au-delà du mur du langage, mais le transfert, c’est-à-dire l’amour de transfert s’il est obstacle est aussi outil pour aller au-delà des résistances. L’amur c’est aussi le nouage objet pulsionnel et langage qu’il faut serrer pour arriver à l’objet pulsionnel.
Un peu plus avant dans son texte, Jacques-Alain Miller distingue le baroque du porno et indique que si dans le baroque, la copulation y est voilée, il n’en est pas de même dans la pornographie. Il note également que le porno montre « l’absence du rapport sexuel dans le réel ». Cela vient marquer le fait que le registre du réel et celui de l’imaginaire sont disjoints.
Entre le baroque et le XXIe siècle, on passe d’une civilisation où on ne pouvait rien montrer à une civilisation où on peut tout montrer de manière illimitée. JAM précise avec finesse, que nous sommes passés « de l’interdiction à la permission, mais au-delà même jusqu’à « l’incitation, l’intrusion, la provocation, le forçage ».
Nous avons évoqué l’idée que le pornographique, chez les jeunes filles, est plutôt lié aux fantasmes d’un partenaire, d’une demande. Et, qu’envoyer des photos de nude, est devenue banale, preuve d’amour.
Chez la gent masculine, par contre, il y aurait davantage une pente à céder rapidement à ces rêves pré-fabriqués, clés en main. Jacques-Alain Miller parle alors de « sexe faible » quant au porno. Cela conduit parfois les hommes à se plaindre de conduites compulsives à regarder ces images et même à les conserver.
Ainsi, entre le baroque et le porno, on passe du registre de l’inhibition au registre du pousse à l’acte, marquant une sorte d’injonction, que l’on pourrait dire généralisée de pousse à jouir, dépassant la question même du partenaire, puisqu’il s’agit là d’être à la page.
Il y a donc une profusion d’images, de corps mais qui ne font pas rapport au niveau de la jouissance. Et, ce qui est frappant, c’est que plus on montre et plus il n’y a rien à voir. A propos de l’image, Marie-Hélène Brousse note qu’elle : « est faite pour montrer ce qui ne se montre pas4 ».
Jacques-Alain Miller rappelle ensuite que pour Lacan « la copulation est hors champ, [...], dans la réalité humaine5 » : la copulation est hors champ dans le baroque alors même qu’elle est exposée dans le porno. Précisons que la copulation n’est pas le rapport sexuel. Dans le porno donc, il n’y a pas de rapport sexuel mais il y a copulations, impliquant l’usage de la pulsion scopique. La « vacuité sémantique » est ici à entendre comme quelque chose hors sens, vide. Ainsi, la pornographie est vide de sens. Cela nous a amenés à dire que le corps parlant, est ici, capté par la pulsion scopique afin de provoquer la jouissance. Il en est de même dans ces relations à distance, sorte de pousse-à-jouir, où il suffit de voir un ou des morceau(x) de corps de l’autre.
Au cinéma le hors champ est ce qui n’est pas directement filmé par la caméra mais c’est quand même sous-entendu, présent mais hors champ, et donc présence qui ne se voit pas. Dans le porno, on peut dire que la copulation est hors champ visuel de ceux qui la pratique. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas chercher à la regarder, mais elle échappe au champ visuel.
Pour donner un exemple du hors champ, il a été question de l’affaire Pélicot, – mari filmant des hommes ayant des relations sexuelles avec sa femme qu’il avait préalablement droguée – cet homme, à travers ses vidéos, voulait voir quelque chose se situant du côté du hors champ visuel. Ce qui restait hors champ c’était le regard du voyeur de mari.
La tendance no sexe serait-elle en lien avec cette prolifération d’images, de regards et de vacuité sémantique ? Cela pourrait s’inscrire comme une réponse ou une dérision portée sur l’adoration du phallus, du porno. Une sorte de réaction subjective à cette profusion d’images et de regards, se situant plutôt du côté de l’anorexie, sorte de « goût de rien », sorte de dimension d’adoration du rien, qui est un objet a, un autre plus de jouir.
Nous en sommes ensuite venus à déplier la question de l’Idéal-du-moi et du moi-idéal6. Pour rappel, le moi-idéal est du côté de l’imaginaire (on y retrouve là la dimension du corps), tandis que l’Idéal-du-moi est du côté du symbolique. Prenons l’exemple de l’image au miroir – pour laquelle Lacan aborde deux dimensions : le miroir plan et le miroir concave7– et nous constatons que lorsque l’on fait varier l’inclinaison du miroir plan, apparaissent alors des choses qui étaient voilées. C’est par l’acte analytique – scansion, interprétation, coupure – que l’analyste va faire bouger l’inclinaison du miroir plan, dévoilant ainsi le point d’où le moi-idéal est regardé, mettant à jour l’unité illusoire du moi-idéal.
Si l’on se réfère à la construction borroméenne, Lacan inscrit le corps dans le croisement des trois ronds, entre le symbolique et le réel. Quant à l’objet petit a, il le situe au centre8.
Plus loin dans son texte, Jacques-Alain Miller indique que le « corps conditionne tout ce que le registre imaginaire loge de représentations : signifié, sens et signification, et l’image du monde elle-même ». Cela signifie que la représentation est du registre du sens, de la signification. C’est ce qui va permettre au corps parlant de se représenter le monde, son monde, une idée du monde. Cela en passe nécessairement par une représentation imaginaire car, s’il n’y a pas de corps, il n’y a pas d’imaginaire.
L’imaginaire dont il est question là, n’est pas seulement celui du premier enseignement de Lacan, où il est question du stade du miroir. Il est plus étendu, s’étendant aux mots, aux signifiés, à la signification, au sens. Il se conjoint en partie avec la dimension symbolique, raison pour laquelle nous pouvons parler d’imaginaro-symbolique. Cela est très important parce qu’à partir de là, nous pouvons dire que le corps parlant se jouit.
Cela permet ainsi de détacher l’appareil langagier des représentations.
A la suite, Jacques-Alain Miller note que « c’est dans le corps imaginaire que les mots de la langue font entrer les représentations qui nous constituent un monde illusoire sur le modèle de l’unité du corps » : donc les mots de la langue font entrer les représentations dans le corps imaginaire et c’est cela qui nous constitue un monde illusoire sur le modèle de l’unité du corps. Il faut là se référer au sac gonflé dont parle Lacan dans Le sinthome, et qu’E. Laurent commente longuement dans son livre sur L’envers de la biopolitique, sur la dimension de la gonfle. C’est l’idée d’une totalité. C’est l’idée de l’harmonie, au sens de : quelque chose vient combler ce qui me manque.
Un sujet sans corps indique qu’il n’y a pas d’imaginaire ; c’est un pur sujet du symbolique représenté par un signifiant pour un autre signifiant.
Alexia Lefebvre-Hautot
Notes :
1 Miller J.-A, Scilicet, Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle, « L’inconscient et le corps parlant », p. 21-34
2 Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore.
3 Miller J.-A, op.cit., p. 22.
4 Brousse M.-H., Question d’Ecole, le 08 février 2025, « Ce que l’Ecole te donne à lire ».
5 Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, p.102-103.
6 Freud S., « Pour introduire le narcissisme », œuvres complètes, tome XII, Paris, PUF, 2005, p. 213-246.
7 Lacan J., Le Séminaire, livres I et II.
8 Lacan J., La Troisième, La Divina, Navarin éditeur, p. 27, 41 et 42.
Jeudi 27 février jeudi 27 mars
Nous reprendrons notre lecture du texte de Jacques-Alain Miller, intitulé « l’inconscient et le corps parlant » à la page 26, à partir du « mystère du corps parlant ».
Studiolo
Les jeudis 10 octobre, 5 décembre 2024, 16 janvier, 6 février, 27 février, 27 mars 2025 à 21h en visioconférence ZOOM.
Un lien Zoom est adressé aux participants avant chaque séance.
Ce groupe est ouvert à de nouveaux inscrits.
Participation aux frais : 5 € par soirée ou 25 € pour l’année et pour l’ensemble des activités et séminaires proposés par l’ACF-Normandie. Réduction de 50 % pour les étudiants.
Responsable et contact : Alexia Lefebvre Hautot
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