Publié le mercredi 30 mars 2022

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Un retour sur le second cours « Pastoute studies » d’Esthela Solano-Suarez

Un texte de Samantha Anicot

Dans le cadre des enseignements de l’ECF, « Le savoir psychanalytique à ciel ouvert », Esthela Solano-Suárez aborde dans son cours « Pastoute studies » l’inclassable de la jouissance spécifiquement féminine, qui ne s’universalise ni se collectivise.
Samantha Anicot propose de faire un retour du second cours, dans le droit fil des Grandes Assises de l’AMP « La femme n’existe pas » qui se dérouleront du 31 mars au 3 avril 2022.

Malgré le discours capitaliste et de la science qui règne actuellement, le réel imposé par le sexuel reste incontournable. Quelles sont les voies que Lacan emprunte pour écrire la logique de la sexuation ? Comment est-il possible de cerner le réel hors-sens ?

Lacan doit en passer par la logique pour aborder la jouissance sexuelle. E. Solano va s’attacher à aborder ce tournant dans l’enseignement de Lacan, qui s’opère au moment du séminaire D’un discours qui ne serait pas du semblant. Pour cela, elle en passe par plusieurs concepts.

Le fantasme

Le fantasme est une défense contre le désir de l’Autre, sa fonction est de supporter le désir chez le névrosé aussi bien que sa jouissance. L’orientation vers la logique s’origine déjà dans le séminaire intitulé Logique du fantasme. Déjà, il utilise le terme « logique » et non « rhétorique » quant au fantasme car il essaie de cerner ce qu’il en est de la jouissance, ce que la rhétorique ne permet pas de faire.

Sa conception de la signification phallique va évoluer à partir de l’usage qu’il en fera de l’étude de Frege en distinguant sens et signification.

Le complexe de castration est inhérent à la logique du langage, donc de la fonction du signifiant. Cette logique comporte la distinction entre l’ordre du signifiant et du signifié. Les effets du langage produisent comme effet l’institution d’un sujet barré, au niveau de l’inconscient.

Le phallus – Signification phallique

E. Solano explore la notion de phallus pour comprendre la phrase de Lacan « il n’y a de parlant que la Bedeutung du phallus » (séminaire XVIII) Quelle est la fonction du phallus, qui pour Lacan n’est ni un objet, ni un organe mais un signifiant ?

Le phallus est le signifiant de l’Aufhebung. Cette notion empruntée à Hegel est l’opération qui indique qu’un terme est certes annulé mais conservé, il ne relève donc pas de la forclusion. C’est aussi l’illustration de la barre qui sépare le signifiant du signifié. C’est pourquoi le langage se conjoint avec l’avènement du désir. Ce fonctionnement de la métaphore est une première formalisation de l’Œdipe freudien, appelé métaphore paternelle. La métaphore implique une substitution signifiante. Il s’agit là en l’occurrence du signifiant du Nom-du-Père qui se substitue au désir de la mère, lequel représente la première symbolisation. La subjectivation de l’absence de la mère est ce qui introduit le trognon du symbolique. La production de cette signification quant au désir de la mère est appelée par Lacan signification phallique, celle qui fait office de boussole pour le sujet et ordonne la réalité.

Bien que le rapport sexuel puisse être énoncé, il ne s’écrit pas, n’est pas inscriptible dans le langage. Lacan envisage la voie de la logique lorsqu’il est confronté aux limites du signifiant lorsqu’il est appréhendé dans ses effets de sens uniquement et ne permet pas de cerner ce qui du sexuel échappe au langage. L’intérêt d’en passer par l’écrit c’est qu’il peut produire d’autres effets que les effets de sens. La logique, l’écrit logique est un moyen d’interroger le langage.

D’où le passage dans l’enseignement de Lacan de la parole à l’écriture, du semblant vers le réel mais aussi l’importance d’opérer la disjonction entre l’existence et la fiction.

La théorie des ensembles permet l’écriture d’un rapport. Il va établir alors l’ensemble des hommes et l’ensemble des femmes.

La fonction du phallus est incompatible avec la bipolarité sexuelle puisque le rapport au phallus de chacun est différent.

L’écriture en question

Il s’agit de l’écriture de la lettre, celle qui a une valeur de chiffre. L’objectif de Lacan est de se servir du signifiant en tant que lettre dans la cure, afin de se distancier du sens. Les deux usages du signifiant, rhétorique et mathématique, sont distingués. Le savoir inconscient est conçu comme un dépôt, imprimé comme une lettre. C’est pourquoi l’inconscient relève de l’écrit. D’ailleurs les lettres sont utilisées dans les quatre discours. Le traitement de l’inconscient nécessite la manipulation inhérente à la logique.

Pour parler d’homme et de femme, on se sert de signifiants, ce sont des faits de discours. Or il n’y a pas d’essentialisme sexuel dans l’inconscient.

Cerner le réel avec Aristote, Koyré, Husserl

Lacan s’appuie sur Aristote qui pour dégager la logique, vide les propositions de leurs sens en les remplaçant par des lettres. Il a recours à la théorie du syllogisme et souligne l’importance de se servir toujours de 3 termes, quels qu’ils soient.

Il s’appuie aussi sur Alexandre Koyré qui décrit comment Galilée a extrait la physique du domaine de l’imaginaire et de l’évidence en dégageant des lois mathématiques. L’usage de petites lettres marque la naissance du discours de la science. Pour la science, il y a un savoir dans le réel.

Husserl considère que la science peut être vue comme des systèmes de propositions interconnectées par des relations d’interférence. Il cherche à dégager des variétés d’objets appelés des universaux et constate que certains mots n’ont pas de sens. Il se servira alors du signifiant hors sens pour cerner le réel, au cœur du sexuel.
Pour aller au-delà de l’imaginarisation de la castration, Lacan fait appel à ce qui a été dégagé comme « fonction logique », en cela il s’oriente vers le fonctionnalisme. Il va pouvoir dégager deux jouissances différentes en faisant du phallus une logique vis-à-vis de laquelle un x s’inscrira à la place de l’argument, phi (x).

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