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Publié le mardi 21 août 2018

Antenne clinique – Session 2018-19

Séminaire théorique : Comment s’orienter dans la clinique – Portraits de familles

(Le vendredi de 10h45 à 12h15)

Sous ce titre, nous explorerons les incidences cliniques des profonds bouleversements de la famille aujourd’hui. Celle-ci a connu depuis des décennies une disjonction radicale entre procréation, sexualité et transmission. A côté de la famille conjugale, telle qu’elle était conçue jusqu’au milieu de XXIe siècle, se sont fait jour d’autres modalités de « faire famille » : famille monoparentale, homoparentale, recomposée, éclatée. La science elle-même est venue largement bouleverser ce qui semblait établi et les PMA et GPA posent des questions éthiques. Que pouvons-nous dire de tout cela, guidés par l’orientation psychanalytique ? Les psychanalystes de divers bords donnent à ces remaniements des réponses différentes. Qu’en est-il de l’orientation lacanienne ?

Freud, le premier, a essayé de déchiffrer la famille paternaliste avec le complexe d’OEdipe. Dans le « Roman familial des névrosés » il notait que la mère était toujours certissima alors que le père est semper incertus. Pour élucider la clinique qu’il rencontrait, Freud a été amené à construire dans Totem et tabou le mythe d’une famille originaire avec un père jouisseur Et jusqu’à la fin, il n’a cessé d’interroger la place du père.

Lacan dans les « Complexes familiaux dans la formation de l’individu » souligne les multiples variations de la structure familiale dans l’ordre de la culture, loin de toute fixité de l’instinct, et il fait du développement psychique au sein de la famille une séquence à triple scansion : sevrage, intrusion, OEdipe. Dans ce texte de 1938, Lacan donne une place centrale au déclin social de l’imago paternelle pour expliquer et un grand nombre d’effets psychologiques et les différentes formes de névrose, -intimement dépendantes des conditions de la famille, voire même l’émergence de la psychanalyse.
Plus tard, dans son retour à Freud qui est en même temps une réinvention de la psychanalyse, Lacan essaye de formaliser l’OEdipe freudien avec la métaphore paternelle articulée au désir de la mère. Cette fonction du Nom-du-Père s’avère alors déterminante dans les structures cliniques.
Dans son unique leçon sur Les noms du père, Lacan, en pluralisant le Nom-du-Père, indique que celui-ci n’existe pas, qu’il ne dit rien de l’être du père. Il s’agit d’une fonction qui peut être incarnée selon une grande variété portant à nomination.
Vers la fin des années soixante, Lacan affirme que la famille conjugale est le résidu irréductible d’une transmission constituant le sujet et impliquant un désir qui ne soit pas anonyme. La fonction maternelle se rapporte au soin et la fonction paternelle institue le désir dans la loi. Aujourd’hui, avec la remise en question de toutes les structures sociales par les progrès de la science, ces fonctions s’incarnent différemment. Le néologisme « parentalité » traduit cette mutation dans l’ordre familial. Comment la transmission s’opère-t-elle dans ses nouvelles organisations familiales ?
La famille, comme toute formation humaine, a pour essence de réfréner la jouissance et le clinicien, devant les nouvelles formes de la parentalité, pourra se servir de la boussole proposée par Lacan lorsque celui-ci définit notre moment de civilisation par le montée au zénith social de l’objet et la chute des idéaux.
Comment ouvrir une voie qui ne soit pas un pousse-à-jouir mortel pour le sujet ?


« Dans cette évolution où le sujet a commencé à devenir étranger à ses parents, le stade ultérieur peut être désigné du terme de romans familiaux des névrosés  ; ce stade, rarement remémoré consciemment, doit presque toujours être mis en évidence par la psychanalyse »

Sigmund Freud, « Le roman familial des névrosés », Névrose, psychose, perversion, Paris, PUF, 1974, p. 158.

« Il n’y a pas d’autre traumatisme de la naissance que de naître désiré. Désiré, ou pas – c’est du pareil au même, puisque c’est par le parlêtre. Le parlêtre en question se répartit en général en deux parlants. Deux parlants qui ne parlent pas la même langue. Deux qui ne s’entendent pas parler. Deux qui ne s’entendent pas tout court. Deux qui se conjurent pour la reproduction, mais d’un malentendu accompli, que votre corps véhiculera avec la dite reproduction »

Jacques Lacan, « Dissolution ! », Ornicar ? n°22/23, Paris, Lyse, 1981, p. 12-13.

« Que pourrions nous dire aujourd’hui de cette définition de la famille ? Qu’elle a son origine dans le mariage ? Non, la famille a son origine dans le malentendu, dans la non rencontre, la déception, dans l’abus sexuel ou dans le crime. Qu’elle est formée par le mari, l’épouse et les enfants, etc. ? Non, la famille est formée par le Nom-du-Père, par le désir de la mère, par les objets a. Qu’ils sont unis par des liens légaux, des droits, des devoirs, etc. ? Non, la famille est essentiellement unie par un secret, elle est unie par un non-dit. Quel est ce secret ? Quel est ce non-dit ? C’est un désir non-dit, c’est toujours un secret sur la jouissance : de quoi jouissent le père et la mère ? »

Jacques-Alan Miller, « Affaires de famille dans l’inconscient », La Lettre mensuelle, n° 250, ECF, Paris, juillet 2006, p. 9.


Bibliographie :
Une bibliographie générale sera consultable prochainement. Chaque enseignant sera susceptible de donner des éléments supplémentaires.
Certains ouvrages sont consultables à la bibliothèque commune de l’Antenne clinique de Rouen et de l’ACF-Normandie à la Maison de la psychanalyse – 48 rue de l’Abbé de l’Epée à Rouen.

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