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Publié le mercredi 7 septembre 2016

Préparer la Conversation Uforca « Signifiants du transfert » du 20 mai 2017

Le point de capiton dans les deux étages du graphe

Un texte de Jean-Louis Woerlé

Pour préparer la Conversation Uforca qui aura lieu le 20 mai 2017, Jean-Louis Woerlé propose un texte qui prolonge le travail mené dans son séminaire Les fins d’analyse dans l’enseignement de Lacan (2015-16).

Le point de capiton dans les deux étages du graphe


Lorsque nous évoquons le point de capiton, nous pensons avant tout à l’élaboration qu’en a faite Lacan dans son séminaire sur Les Psychoses.

C’est un point que Lacan reprend pour construire son premier étage du graphe du désir. « Ce point de capiton, trouvez-en la fonction diachronique dans la phrase, pour autant qu’elle ne boucle sa signification qu’avec son dernier terme, chaque terme étant anticipé dans la construction des autres, et inversement scellant leur sens par son effet rétroactif1. »
Cet étage inférieur est celui de l’énoncé brut.
Mais Lacan va construire un second étage à ce graphe car « voici maintenant en effet notre attention sollicitée par le statut subjectif de la chaîne signifiante dans l’inconscient2 ». Il s’agira de la chaîne de l’énonciation, chaîne inconsciente qui se déroule parallèlement à celle de l’énoncé.

Ces deux étages pourraient n’avoir aucun rapport l’un avec l’autre si justement ils n’étaient pas reliés entre eux par certains points. Si pour l’étage inférieur du graphe il s’agit de points de capiton, il en est de même pour l’étage supérieur.
En effet, à la place de A (trésor des signifiants) de la chaîne inférieure, nous aurons l’algorithme de la pulsion, S barré poinçon D comme trésor des signifiants. Cette notation « maintient la structure en la liant à la diachronie. Elle est ce qui advient de la demande quand le sujet s’y évanouit3 ».

Si désormais nous regardons ce qui boucle la signification de cette chaîne de l’étage supérieur, nous avons à la place du s(A) de l’étage inférieur S de A barré. Il est l’équivalent de l’effet de signification de la chaîne inférieure, mais cette fois-ci concernant la chaîne inconsciente. Il se lit comme le signifiant du manque dans l’Autre. « Le manque dont il s’agit est bien ce que nous avons déjà formulé : qu’il n’y ait pas d’Autre de l’Autre4. »
Il manque un signifiant pour que cette chaîne de l’inconscient puisse boucler sa signification. En quelque sorte il manque un S2 qui permette de donner une signification à un S1 qui se retrouve seul, signifiant asémantique dira Lacan et qui l’amènera plus tard à lui donner la valeur de lettre.

Ceci a des conséquences indéniables sur la fin d’une cure.
Lacan a très tôt combattu l’identification à l’analyste comme issue possible d’une cure. Celle-ci peut s’éclairer également par le graphe. C’est la voie qu’emprunte tout au bas du graphe le circuit qui mène de i(a), soit l’image spéculaire, au moi m et conduit à I(A), l’Idéal de l’Autre, étant ici l’analyste.

Dans un premier temps de son enseignement, il est évident, pour Lacan, que tout est significantisable, tout est interprétable et il pense pouvoir éviter, voire dépasser le roc de la castration freudien, qui est un roc biologique, en passant par le signifiant et en faisant du phallus le signifiant par excellence, à la fois signifiant du désir mais également signifiant de la jouissance.
C’est le moment où Lacan donne une importance primordiale au désir et le phallus « est le signifiant privilégié de cette marque où la part du logos se conjoint à l’avènement du désir5 ». Cette conception de la cure part du S barré, arrive au désir d et rejoint le fantasme S barré poinçon petit a.

L’invention de l’objet a, déduction logique de la division subjective, aura plusieurs conséquences : l’une étant l’antinomie du désir et de la jouissance, le désir comme défense contre la jouissance ; l’autre est que la cure vise à faire parcourir à l’analysant le circuit long qui mène à S de A barré. Ce parcours ne sera possible qu’à partir du séminaire sur L’angoisse où Lacan laisse entendre qu’il cherche le passage possible au roc freudien dans la mesure où, après avoir différencié le point de désir et le point d’angoisse, il entrevoit la confusion qu’a faite Freud à ce sujet. Et c’est dans le séminaire sur Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse qu’il proposera la traversée et du plan de l’identification et de celui du fantasme, que nous appelons la traversée du fantasme, et donc la conduite de la cure, non vers I, mais toujours vers petit a. Le sujet règlera sa conduite sur a, la cause de son désir et non sur la demande de l’Autre.

La question que pose Lacan lors de la dernière leçon du Séminaire, livre XI, est de ce fait capitale : « Après le repérage du sujet par rapport à l’objet a, l’expérience du fantasme devient la pulsion. Que devient alors celui qui a passé par l’expérience de ce rapport, opaque à l’origine, à la pulsion ? Comment un sujet qui a traversé le fantasme radical peut-il vivre la pulsion ? Cela est un au-delà de l’analyse, et n’a jamais été abordé. Il n’est jusqu’à présent abordable qu’au niveau de l’analyste, pour autant qu’il serait exigé de lui d’avoir précisément traversé, dans sa totalité, le cycle de l’expérience analytique6. » C’est pour explorer cet au-delà de l’analyse que Lacan a proposé en octobre 1967 un dispositif original appelé la passe.


Notes :
1 Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien, Ecrits, Seuil, Paris, 1966, p. 805.
2 Ibid., p. 816.
3 Ibid., p. 817.
4 Ibid., p. 818.
5 Lacan J., « La signification du phallus », Ecrits, op. cit., p. 692.
6 Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1974, p. 245-246.

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