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Publié le vendredi 15 janvier 2016

Projection-débat au cinéma Le Trianon

La tête haute

Vendredi 22 janvier – Verneuil-sur-Avre

L’association Chemins d’enfance et le Service culturel de la ville de Verneuil-sur-Avre organisent une projection du film d’Emmanuelle Bercot :

La tête haute

Dans le rôle de la Juge des enfants : Catherine Deneuve
et dans le rôle du jeune Malony : Rod Paradot

le vendredi 22 janvier à 20 h
au Cinéma Le Trianon de Verneuil-sur-Avre

La projection sera suivie d’un débat avec notre invitée, madame Sylvie Hennion, directrice d’un service de Protection Judiciaire de la Jeunesse, sur le thème : L’adolescence, âge de tous les possibles !

Avec Malony et sa mère, voilà un parcours pour le moins cahotique dans lequel nous sommes entrainés ! Depuis sa plus tendre enfance en effet, c’est la juge qui s’impose très régulièrement dans l’éducation de ce jeune, « ma juge » comme il l’appellera affectueusement.
Emmanuelle Bercot met en scène avec une grande justesse la fragile alchimie qui va permettre au jeune Malony de trouver sa voie pour grandir et pour aimer, hors des sentiers battus ; elle nous fait vibrer avec la singularité d’un trajet d’adolescent, de ses proches, et sa découverte de l’amour pour une jeune fille. Certes, pour être parent d’une part, pour grandir d’autre part, il n’y a guère de recette qui vaille pour tous et à tous les coups. Reste celle que chacun devra concoter, patiemment, au quotidien. L’adolescence, cet âge de tous les possibles comme on le nomme parfois, ne sera-t-il pas ce carrefour au cours duquel un sujet sera amené à prendre position pour s’engager ? Mais cela n’est pas simple, loin s’en faut ; le chemin se révèle souvent semé d’embûches. Nous laissons Malony à la fin de ce long métrage se tourner vers son avenir, un avenir qui ouvre sur du nouveau pour ce jeune, devenu un adulte ...

Nous pourrons débattre à la suite de ce film avec notre invitée, madame Sylvie Hennion qui exerce la fonction de directrice d’un service de Protection Judiciaire de la Jeunesse, de ce qui peut amener un jeune et sa famille à croiser ces services. Echanger aussi ensemble sur nos expériences et nos questions sur ce sujet traité avec beaucoup de sensibilité, très intime pour chacun de nous.

En remerciant chaleureusement l’équipe du Trianon, nous vous attendons nombreux pour cette soirée !

Cordialement,

Laurence Morel, présidente de l’association Chemins d’enfance.

Après-coup

L'adolescence, âge de tous les possibles :

PARIER SUR LA PAROLE

Le très beau film d’Emmanuelle Bercot, La tête haute, nous transporte dans le quotidien peu ordinaire d’un adolescent, quand le sujet ne trouve plus de bornes pour ordonner son désir.
Saisi par une vertigineuse escalade qui l’amènera à frôler le pire, siège d’une agitation intense dans son corps, aux prises avec un impossible à dire, le jeune Malony nous réveille, nous dérange et nous émeut ; il percute notre tranquillité par son authenti-cité selon le terme de Philippe Lacadée1.

La projection de ce long métrage, ce vendredi 22 janvier au cinéma Le Trianon à Verneuil-sur-Avre, a été organisée par l’association Chemins d’enfance en partenariat avec le Service culturel de la ville. Elle a donné suite à des échanges, pendant près d’une heure, avec Madame Sylvie Hennion, Directrice des services de Protection Judiciaire de la Jeunesse à Chartres ; notre invitée a su intéresser un public venu en nombre -près de 80 personnes- en nous parlant avec passion du désir qui l’anime dans l’exercice de ses fonctions et de son pari sur la jeunesse. Les questions ont permis de cerner, ou d’approcher pas à pas, ce qui peut venir entraver le parcours d’un sujet devenu adolescent quand le cadre de la famille ne suffit plus à contenir les pulsions et à tempérer la jouissance, qui se déchaînent alors dans un sans-limite. Les échanges avec les participants ont fait résonner un message de confiance en la jeunesse. Certes les possibles traumas dans l’histoire familiale, le trauma premier des mots percutant le corps du petit d’homme à l’aube de sa vie (dont témoignent finement les premiers instants du film), la délicate alchimie qui préside à l’inscription d’un sujet dans la société et les embrouilles du désir qui ne manqueront pas de colorer son parcours, conduiront chacun et chacune à trouver une voie singulière pour grandir et aimer.

Malony nous fait découvrir au cours d’un périple tumultueux un milieu méconnu. Celui où des éducateurs, des psychologues, des juges, avec patience, tact, arguments solidement ancrés dans une loi qui pacifie, « apprivoisent » - pour reprendre les termes d’une participante avertie - des sujets déboussolés, et ne cèdent pas sur leur désir d’accompagner ces jeunes ; même s’il faut parfois jouer des bras, sans craindre d’avoir à se frotter aux corps ! S’y frotter, mais avec le pari renouvelé que la parole juste apaise, et dans un combat sans relâche contre une loi féroce et intraitable, ce réel sans loi qui pousse ces jeunes au pire, intolérants au manque rencontré dans l’Autre. Pas de répit, pas de trêve, pas le temps de s’endormir et rêver pour Malony et ses pairs. Cependant, l’amour viendra le surprendre, au cours d’une rencontre avec une jeune fille qui saura l’attendre, ouvrant une voie nouvelle prometteuse d’avenir, pas sans son consentement...

Par cette fiction, aux accents très réalistes, nous apercevons le dosage singulier qui préside à la naissance du sujet, le bain de langage qui lui préexiste - avec les signifiants qui imprimeront sa marque dans le corps-, mais aussi les désarrois de l’adolescence et ses possibles ! Sous un autre angle, ce film souligne qu’en matière de protection de l’enfance, le fantasme de vouloir faire le bien des familles se voit battu en brèche par la mise en jeu d’un réel. On pourra à ce sujet se référer à un article écrit par Laurence Morel, et paru dans la publication en ligne Lacan Quotidien : « Quand le réel s’en mêle »2.

La projection de ce film à Verneuil venait ponctuer les rencontres avec des parents que l’association Chemins d’enfance avait proposées en 2015, dans le cadre du « Café des parents » : ces rencontres invitent les participants à échanger sur les questions que la fonction d’être parent soulève, exprimer leurs doutes, leurs expériences et leurs trouvailles, et les partager avec d’autres. Dans cette ligne, La tête haute témoigne bien de la difficulté de démêler -dans l’éducation de l’enfant- l’incidence d’une histoire familiale qui peut s’avérer lourde de drames subjectifs.

Cette soirée film-débat, deuxième de ce genre à être organisée par notre association, fait donc série. En novembre 2014 c’était le très beau documentaire de Mariana Otero, A ciel ouvert, qui avait été projeté au Trianon. L’accent avait été mis, là, sur le trajet singulier d’enfants en très grande difficulté, au sein d’une institution hors pair, Le courtil.
Ces rencontres qui font événement s’inscrivent dans un mouvement impulsé par Chemins d’enfance : ainsi en 2007, nous avions invité Marie-Claude Sureau, psychanalyste membre de l’Ecole de la Cause Freudienne et de l’ACF Normandie, pour une première rencontre-débat sur le thème :
« Eduquer un enfant au XXIe siècle ». D’autres rencontres suivirent : « Avoir un enfant », « Les ados et les réseaux sociaux » avec la venue de Ariane Chotin3 , puis la conférence « D’où vient le malaise d’être adolescent à l’école » en 2014 de Philippe Lacadee au Collège Maurice de Vlaminck. Sa venue avait soutenu le désir de création d’un laboratoire CIEN à Verneuil-sur-Avre : Au bor’D m’O réunit des professionnels confrontés aux désarrois de l’adolescence.

Gageons que notre désir de faire résonner le singulier qui gît au creux de chaque histoire, à l’aide des éclairages que la psychanalyse dans la cité nous apporte, nous permettra bientôt de vous donner à nouveau rendez-vous !

Laurence Morel,psychologue,
membre de l’ACF Normandie, et présidente de Chemins d’enfance


Notes :
1 Dans son livre sur l’adolescence - L’éveil et l’exil : Enseignements psychanalytiques de la plus délicate des transitions : l’adolescence, éd C. Defaut. Nantes, 2007, Philippe Lacadée qualifie la langue des adolescents de langue de l’authenti-cité en décomposant le mot authenticité en deux, soit être authentique et d’autre part la cité comme étant le lieu pour certains où ils s’inventent entre eux une langue particulière dont ils ont un certain usage qui, bien sûr, leur semble utile entre eux comme s’il s’agissait d’une certaine survie mais qui en même temps les isole.
2 Lien vers l’article « Quand le réel s’en mêle » - L. Morel, Lacan quotidien n° 520.
3 Ariane Chotin est psychologue, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne, et directrice de parADOxe lieu de parole pour des adolescents pris dans un malaise qui rend difficile leur vie quotidienne et celle de leur entourage. Paris

Vendredi 22 janvier 2016 à 20 h

Ouvert à tous
Entrée : 4 euros

Cinéma Le Trianon
56 rue du Canon
27130 Verneuil-sur-Avre
02 32 32 41 66

Consulter le plan d’accès »

Renseignements :
Chemin d’Enfance : 06 82 76 07 04

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