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Publié le samedi 3 janvier 2015

Séminaire ACF 2014-15 – Rouen

Psychanalyse et gender studies

Les vendredis 16 janv., 13 fév., 20 mars, 17 avr. et 29 mai à 20h30

Depuis quelques années la France voit éclore un archipel théorique : celui des théories du genre où s’entremêlent gay et lesbian studies, queer studies, porn studies … L’enjeu est de taille : se défaire du poids des normes, sabrer la morale qui contraint, stigmatise ou laisse dans les marges tel ou tel type d’orientation sexuelle, tel ou tel style de relation ou de formes de vivre ensemble, bref, questionner l’identité sexuelle.
Les penseuses et penseurs qui voguent sur ces eaux déploient des analyses à mi-chemin entre politique et épistémologie. Leurs démontages intellectuels brassent large : du bio-pouvoir formulé par Michel Foucault au cinéma populaire en passant par les backrooms sado-masochistes de Los Angeles, la littérature, la publicité, les journaux ou la chanson populaire…
Nées aux USA au moment de la crise du Sida, ces théories se sont peu à peu imposées comme autant d’idéologies capables de redonner espoir à certain-e-s tandis qu’elles incarnent, pour d’autres, une hydre dont il faudrait s’empresser de couper toutes les têtes au risque sinon de plonger la civilisation dans une crise et dans des troubles irréversibles.

Qu’en dit la psychanalyse ? Comment des praticien-ne-s convaincu-e-s du bien-fondé du pari analytique reçoivent-ils ce nouvel éclairage théorique ? Faut-il refuser de naviguer dans des eaux si troubles ou, au contraire, s’y baigner, voire s’y noyer ? À l’heure du mariage pour tous, la psychanalyse se veut résolument au-delà de l’OEdipe. Dans quelle mesure une telle position peut-elle croiser les revendications queer, tout en mettant en évidence la façon dont le « volontarisme sexuel », les exigences communautaristes, l’idéologie, ne rentrent nullement en compte dans l’écoute analytique ?

La lecture de ces textes est réjouissante dans la mesure où elle met en garde le psychanalyste contre toute position de jugement, demande de justifier les évidences de son éthique et pousse à questionner les a priori de sa clinique. Au fond, il s’agira de s’interroger sur le travail qu’exercent les normes contemporaines sur les subjectivités et sur leur incidence quant au désir des sujets rencontrés dans la clinique.

Le séminaire est ouvert à tous praticien-ne-s, théoricien-ne-s, militant-e-s, étudiant-e-s… Il alternera des temps théoriques et des temps cliniques.

Nous vous proposons cinq dates :

- Vendredi 16 janvier, La psychanalyse (tout) contre les gender studies ?

- Vendredi 13 février, Freud était gay friendly !

Lors des deux premières séances...
Fabrice Bourlez a repris l’histoire de la question du genre aux USA et en particulier l’influence des philosophes français, (Foucault, Derrida), sur les travaux de Judith Butler et autres théoriciens et théoriciennes du genre. A travers le commentaire d’une lettre de Freud à la mère d’un jeune homme homosexuel, il a montré comment, pour Freud l’homosexualité, n’était ni une maladie, ni une perversion mais une orientation sexuelle à respecter en tant que telle. A partir de ces relectures, nous avons donc pu faire l’hypothèse d’un Freud plutôt « gay friendly » : ne serait-ce déjà qu’avec sa fille Anna dont il a favorisé le rapprochement avec Dorothy Burlington. Enfin, nous avons pu aussi préciser comment Freud a approché la paranoïa de Schreber à partir du rejet de l’homosexualité, (non je ne l’aime pas lui un homme etc...) Nous avons vu comment cette approche a été reprise et critiquée par Lacan et comment cela l’a amené au concept de « pousse à la femme », caractéristique dans la psychose et à distinguer radicalement d’une orientation homosexuelle en tant que telle. En mars nous étudierons donc spécialement ce que veut dire « au delà de l’oedipe » chez Lacan en ce qui concerne la problématique du genre.

- Vendredi 20 mars, Au-delà de l’OEdipe : Lacan
Nous étudierons donc spécialement ce que veut dire « au delà de l’oedipe » chez Lacan en ce qui concerne la problématique du genre.

Après la séance...
Formidable soirée à l ‘UBI ; un séminaire dont on ne sort pas indemne !
Percutant, vif, riche. Anti-Oedipe, an-Oedipe, Oedipe et au-delà de l’Oedipe, parcours passionnant, jalonné d’une bibliographie dense, livres ou articles dont Fabrice Bourlez n’est pas avare ; le tout ponctué par Marie-Claude Sureau, de petites touches mettant en perspective chaque angle de vue avec l’enseignement de Lacan, en particulier le tout dernier enseignement. Quelques points vifs ont retenu tout particulièrement mon attention : l’approche de Deleuze et Guattari, à l’accent schrébérien, la schizo-analyse, mais aussi une entrée par « the post human ». Ça tilte, ça résonne, ça bouscule.
Des petites lumières clignotent et je repense alors à une exposition à l’espace Louis Vuitton et en particulier à une installation, celle de Ed Atkins : je me souviens de ce moment fort, j’étais en arrêt, perplexe, devant cette production (Us dead talk love), représentation d’une nouvelle humanité hybride. Un « c’est quoi ça ? » a surgi ; un bouger, un dérangement, presque une pointe de Unheimlich… Une autre approche du corps, ici donc, un corps hybride post humain.
Ce séminaire Gender studies et psychanalyse prépare admirablement, à sa façon, au Xe congrès de l’AMP. Il illustre ce que rappelle Francesca Biagi-Chaï dans son introduction aux trois soirées proposées par l’Envers de Paris : « Prenant cette civilisation en considération, la psychanalyse change » ; puis encore avec Jacques-Alain Miller « Comment mieux dire que nous avons le sentiment du nouveau et avec lui, la perception de l’urgence, de la nécessité d’une mise à l’heure ? » Ce séminaire est un accélérateur pour que nous soyons au rendez vous, avec nos patients, ces corps parlants.

Marie Izard-Delahaye

- Vendredi 17 avril, La jouissance Une
Attention : exceptionnellement, cette séance aura lieu non pas l’UBI, mais à l’Hôtel des Sociétés savantes, 190 rue Beauvoisine, 76000 Rouen.
Consulter le Plan d’accès.

- Vendredi 29 mai, Qui a peur de Judith Butler ?

Ce séminaire est organisé par Marie-Claude Sureau (psychanalyste, déléguée régionale de l’ACF-Normandie, membre de l’ECF) et Fabrice Bourlez (philosophe, psychanalyste, membre de l’ACF).

Il a lieu de 20h30 à 22h30, les vendredis 16 janvier, 13 février, 20 mars, 17 avril et 29 mai 2015.

UBI
20, rue Alsace-Lorraine – Rouen (76)
Consulter le plan d’accès »

Attention : pour assister au séminaire, il faut cotiser à UBI (5 € euros par an, 1 € si vous n’assistez qu’à une soirée).
UBI est un lieu artistique mutualisé dont on peut aussi suivre l’actualité sur sa page Facebook.

Renseignements :

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