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Publié le samedi 6 juillet 2013

43es journées de l’ECF


Les quarante-troisièmes Journées de l’ECF auront lieu au
Palais des Congrès à Paris les 16 et 17 novembre 2013.

Leur thème :

Les traumatismes dans la cure analytique. Bonnes et mauvaises rencontres avec le réel

Renseignements et inscription en ligne en cliquant ici ».

ECF — 1, RUE HUYSMANS, 75006 PARIS — TÉL. 01 45 49 02 68

Télécharger le Bulletin d’inscription.

Il y a une théorie spontanée du traumatisme. Ce qui ne pouvait arriver, est arrivé. Impensable ! Inimaginable ! Insupportable ! Trop.

« Je me dérègle » — Face à l’impossible réalisé le sujet est perdu, n’est plus celui qu’il était, ni pour lui-même, ni pour les autres. Pas de réponse qui vaille. Le symptôme éclate. La médecine, aidée de la science contemporaine, cherche alors une solution – la pilule du lendemain, la préparation de la veille, la verbalisation immédiate. C’est la réponse par effacement mémoriel — que tout puisse redevenir comme avant et que les hommes vaquent de nouveau à leurs occupations, comme l’exige l’impératif du lien social. Ça n’a pas eu lieu parce que ça n’aurait pas dû avoir lieu.

La question devient : comment vivre après le traumatisme sans le traumatisme ? Pas de leçon à tirer du trauma. Comme le traumatisme fait partie des données de l’existence, qu’il est inéliminable, la psychanalyse, elle,opte pour une autre stratégie, plus pragmatique. Aucune atteinte à la mémoire, effacement, contre programmation, catharsis, ne viendront à bout du réel. Même à supposer que de telles solutions soient possibles, les dommages collatéraux en seraient trop importants et inacceptables au plan éthique.

Que propose alors la psychanalyse ? Elle considère que le trauma a bien eu lieu, qu’il a modifié le sujet et qu’il se présente comme l’envers d’un acte. C’est pourquoi elle choisit de s’en enseigner. Dès la naissance de la psychanalyse, les analystes, Freud le premier, ont dû en effet se rendre à une évidence clinique : la réalité psychique ne coïncide aucunement avec la réalité objective, factuelle ou de discours.

Plus encore, la notion de traumatisme exige une nouvelle définition du fait et de l’événement congruente avec le sujet de l’inconscient. Pensons à cet exemple célèbre tiré de L’Interprétation des rêves, repris par Lacan. Un père a perdu un fils, perte cruelle, traumatisme au sens courant. Epuisé, il a confié à un proche la tâche de veiller quelques instants sur le corps du fils aimé. Mais à son tour, cet homme s’est endormi auprès de l’enfant qui, lui, dormait de son dernier sommeil. Tout d’un coup, un bruit : le feu a commencé à brûler ce corps aimé. C’est la réalité. Comment répond l’inconscient ? Par un cauchemar. L’enfant s’approche et murmure « Père, ne vois-tu pas que je brûle ? ». Où est le trauma ? L’impossible voix du mort, voilà ce qui véritablement réveille le père. Une image indélébile, l’irruption d’un effroi, le trop d’un émoi, un mot à jamais inarticulable, sont autant de renvois à d’ineffaçables blessures, de « pertes imagées au point le plus cruel de l’objet ». L’expression est de Lacan qui célèbre, dans la perte, le lien du trauma aux objets, laissant le sujet sans boussole, dans un monde qui a perdu sens.

Là commence la cure, dans l’intervalle de la fracture du sujet, de la perforation de sa réalité. Sur ces points fixes, la machine à produire du sens s’emballe et s’épuise, affrontée à ce qu’aveuglément l’inconscient, réel, ne cesse de répéter. Tout le monde délire, c’est-à-dire y va de son sens, parce que tout le monde est traumatisé. Mais le délire ne délivre pas du traumatisme. Quand ça se répète, à quelles conditions un « Je » peut-il advenir ?

À l’universalisation du délire des Uns tout-seuls, répond la généralisation du traumatisme. Le malaise corrélé au symptôme a cédé la place au trauma corrélé au rejet de la marque, à mesure que le symbolique perd en puissance face au réel. L’utopie dominante n’est plus le recours au père, mais le risque zéro, avec la docilité générale qu’il implique. Mais c’est sans compter avec cette « chose obscure » qui est en nous. À la psychanalyse de lui calculer sa juste place, toujours singulière, toujours contingente.

Christiane Alberti, Marie-Hélène Brousse

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