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Publié le vendredi 25 mai 2012

« Après la séance... » du vendredi 4 mai 2012 – La Glacerie (50)

L’énigme du délire, perspectives psychanalytiques


A la question « Faut-il brûler la psychanalyse ? » posée récemment par un média national, la présence des deux cents participants à la journée du 4 mai dernier, proposée par les animateurs du séminaire de psychanalyse de Cherbourg sous le titre « l’énigme du délire », fut une réponse enthousiasmante et placée sous le signe de la rencontre.

Loin des procédés d’évaluation, d’objectivation ou de quantification de la folie, les intervenants, Gilles Morel, Maryse Lecardonnel et Hervé Desprez, tous trois membres de l’Association de la Cause freudienne, sont venus, dans la première partie de cette journée, transmettre leur souci d’accorder à la parole du sujet délirant une attention toute particulière, suivant la voie ouverte par la psychiatrie du XIXè siècle, reprise par Freud puis par Lacan.

Tous trois ont montré en effet que le délire est une tentative de guérison, une construction qui vient répondre à une expérience de perte de la réalité et qui passe par le langage. Soutenir la rencontre avec un psychanalyste pour que le sujet puisse faire de son délire une « solution élégante » constitue la voie d’une guérison possible que les intervenants sont venus illustrer de leur clinique.

Catherine Durand, psychiatre, y a ajouté la nécessaire prise en compte d’un symptôme très contemporain, la toxicomanie, dans ses rapports complexes avec le délire et la psychose.

Chaque rencontre est unique ; Philippe Grimbert, l’invité de cette journée, en a témoigné au travers de son roman La mauvaise rencontre*, dans lequel l’amitié qui se doit d’être infaillible entre deux enfants ne suffit plus à l’adolescence à protéger l’un des deux du déclenchement du délire.
Par ce récit en partie autobiographique empreint d’une grande humanité, Philippe Grimbert illustre comment celui qui écoute le sujet délirant « paie de sa personne », mais aussi comment il tente d’éviter à l’autre l’issue tragique.

Avec Camille Claudel, la psychanalyse et l’art sont à la croisée d’un destin marqué par l’amour, la création et la folie. J M. Fossey a rappelé la logique dans laquelle Camille Claudel fut prise, une logique délirante de persécution à laquelle les événements donnèrent raison et qui eut raison d’elle et de sa création.

Pour clore cette journée, le comédien et metteur en scène Charles Gonzales a proposé à l’assistance une bouleversante illustration de sa rencontre avec Camille Claudel en jouant la pièce qu’il a créée à partir de la correspondance de Camille Claudel au cours de son enfermement à l’asile.

A l’issue de cette journée, chacun a pu repartir avec l’idée que la psychanalyse, loin d’être une pratique soupçonnée d’obscurantisme, est l’art d’une écoute qui redonne à chacun sa place de sujet, orientée par un « gay savoir ». La rencontre entre psychanalyse, littérature et théâtre en fut une chaleureuse et vivifiante démonstration.

Gilles Morel

* Philippe Grimbert, La mauvaise rencontre, Grasset, 213 pages, 16 €.

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