Publié le dimanche 1er mai 2022

L’Edito du délégué régional de l’ACF-Normandie

Propos

Mai 2022

Du Colloque du 4 juin 2022 en Normandie aux J52 de l’ECF

Autour de la problématique de la parole, s’organise le prochain évènement de l’ACF en Normandie. Nous avons choisi de la décliner en trois dimensions. Ce repérage s’effectue in situ, ici et maintenant. Nous partons de l’évolution qui se constate au jour le jour : la place de la parole change, son usage se rétrécit dans une dimension bureaucratique et techno qui s’installe et la domine. Telle est la voie que dessine le discours du maître contemporain.

Les pratiques du soin psy, éducatives, en sont modifiées, chamboulées. En institutions l’échange autour des situations des personnes qui en bénéficient se réduit de plus en plus. Les réunions perdent leur richesse et leur efficace faits d’hypothèses, de discussions, de problèmes et de solutions, toujours à remettre à l’ouvrage. Le temps pour comprendre ce qu’il se passe est mis entre parenthèses, évacué.

Qu’est-ce qui préside, quel est le moteur de cette évolution à rebours ? L’hypothèse que nous aurons à examiner tient en deux mots : prescription et proscription. Dans ce nouvel usage de la parole, installé, l’accent est mis sur l’injonction. Ce sont les paroles prescrites gouvernant ce qui est à faire comme obligatoire qui s’imposent. Il s’agit d’une contrainte à la standardisation des pratiques. Dans ce cadre, nous relevons à côté des prescriptions surmoïques, la dimension de l’interdit avec la proscription : l’idéologie scientiste se parant des vertus de la science impose le rejet, la proscription de toute parole non standard.

Ce qui préside à la dominance du couple prescription/proscription mérite d’être étudié. Une question se pose à ce titre : ce passage du statut multiforme de la parole à celui d’une parole standard impliquant une pratique uniforme, ne force-t-il pas la parole à devenir une valeur ? L’ajout à la parole d’une valeur transforme alors sa place et ses modalités : des énoncés standards, une énonciation anonyme.

Grâce à Jacques Lacan, nous savons que la psychanalyse est une pratique de la parole sans valeur. En effet dans la rencontre avec un analyste nulle prescription ni proscription qui vaillent, afin que puisse s’entendre le dire dans ce qui se dit. L’offre de la psychanalyse est à l’envers de la parole standardisée comme valeur promue par le maître contemporain. A ce titre la parole en psychanalyse est du registre de l’inutile fécond.

Des interventions montreront l’efficace de l’usage précieux de la parole comme inutile.

Enfin il y a la parole comme impossible, là où se constate qu’elle rate et où à la place, apparaît le symptôme pour chaque être parlant. Comment s’en débrouille-t-on ? Là encore il y a à témoigner.

Comme vous pouvez le lire une Journée d’étude et de témoignages se prépare, avec nos invités : Maître Fabienne Loiseau, avocate au Barreau de Clermont-Ferrand, membre de l’ACF Massif Central, qui est intervenue à la dernière Journée du CERA, et Valeria Sommer-Dupont, psychanalyste, membre de l’ECF, et d’autres encore…

Soyez attentifs à vos mails, d’autres informations vous seront communiquées par ce moyen !

Ce Colloque sera une première modalité de préparation vers les J52 de l’ECF « Je suis ce que je dis. Dénis contemporains de l’inconscient » qui se tiendront les 19 et 20 Novembre 2022.

Le 4 juin, vous êtes attendus !

Je ne peux conclure ce « Propos » sans évoquer la très dynamique Matinée des cartels qui vient de se tenir à la Maison de la Psychanalyse à Rouen. Quatre témoignages sur l’expérience du travail en cartel et les discussions qui ont suivi, ont permis de mettre en lumière le rapport au savoir qui s’y joue. Ainsi « cartel » est le signifiant à partir duquel il est possible de se grouper autour du maniement d’un savoir étranger/étrange qui devient plus familier en restant autre. Ce qu’on examine en position d’analysant.

Serge Dziomba, délégué régional de l’ACF en Normandie

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