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Publié le lundi 28 février 2022

Ciné-rencontre avec l’association Chemins d’enfance

Pupille, un film de Jeanne Herry

Mardi 29 mars 2022 - 20h - Verneuil d’Avre & d’Iton

L’association Chemins d’enfance, à Verneuil d’Avre & d’Iton1, vous invite à la projection du film

Pupille


Un film de Jeanne Herry, 2018, avec Sandrine Kiberlin, Gilles Lellouche, Elodie Bouchez.

le mardi 29 mars à 20h

au Cinéma Le Trianon de Verneuil d’Avre et d’Iton



La projection sera suivie d’un échange animé par
- Marie Delahaye, psychologue et psychanalyste, membre de l’ECF et de l’ACF en Normandie,
- Laetitia Varvarine, sage-femme.

Note :
1Avec le soutien des REAAP de l’Eure, de l’Interco Normandie Sud Eure et du Conseil Départemental 27


Argument


Ce film traite de la rencontre entre Théo, nouveau-né abandonné dès sa naissance par la mère qui l’a porté, et Alice, la femme qui désire être sa mère. Quels enjeux pour qu’une rencontre soit possible qui permette au nouveau-né de trouver un ancrage ? Qu’est-ce que « faire famille », au-delà des liens du sang ? Jeanne Herry nous invite avec ce très beau film, à suivre sur ce chemin sensible et délicat, la place essentielle de la parole qui permet qu’une adoption se noue. L’échange avec nos invités donnera toute sa place aux questions et à la discussion.

En vous espérant très nombreux pour cette soirée !


Dans l’après-coup...



« Le bébé nait dans un bain de langage » a rappelé Marie Izard lors de cette soirée, évoquant l’histoire de ce tout jeune Théo dans le très beau film « Pupille » de Jeanne Herry ; évoquant les entours du drame, pour ce nouveau-né abandonné à sa naissance, affecté par la décision de la femme qui l’a porté pendant 9 mois de ne pas en être la mère. Cette décision, elle l’avait prise depuis qu’elle l’a senti bouger en elle, sachant alors que « ça ne passerait pas ». « Je ne l’aime pas ; je n’en veux pas » martèle-t-elle à l’assistante sociale qui vient lui proposer de parler avec elle de ce qui lui arrive, et qui devra écrire le procès-verbal notifiant sa décision. Et pourtant, pour cette jeune femme, cette rencontre fait évènement ; pour elle qui n’a pu parler à personne de sa grossesse et qui repart dès le lendemain de cet accouchement sous le secret à sa vie étudiante, presque comme si de rien n’était, en confiant cependant à son interlocutrice, sur le pas de la porte, en appuyant un dernier regard : « Je m’appelle Clara ! ». Signe d’un transfert qui a pu se nouer, humanisant l’acte impensable. Jeanne Herry filme avec beaucoup de sensibilité et de justesse ces moments de vie, sait saisir pour nous l’impact des mots sur les corps : ainsi, le silence de cette mère face au nouveau-né qu’elle vient voir ; elle veut tenter de lui parler avant de partir définitivement comme le lui a conseillé l’assistante sociale, mais de mots, elle ne peut lui en adresser aucun ; seuls quelques longs regards vers lui tiennent lieu de ce qu’elle ne peut lui dire. Théo semble répondre à cette étrange et unique rencontre, par un hoquet sonore qui résonne dans le silence des corps ; cette séquence de cette rencontre manquée, parmi d’autres dans ce film, a été pour moi absolument poignante : qu’est-ce que cet évènement de corps qui saisit le petit parlêtre en cet instant crucial ? peut-on y lire le signe d’un appel à l’Autre, un signe de son accrochage à la vie, une manifestation d’un choix marqué par un désir de vivre chez ce jeune sujet, au moment où il doit supporter le départ de son Autre -avant même qu’il ait pu s’y accrocher ? Marie Izard que j’ai interrogée durant l’échange, me répondait en ce sens.

La parole tour à tour possible ou impossible, est largement mise à l’honneur dans ce superbe film : à côté de l’impossible d’être mère, est illustrée aussi, ailleurs, la violence et l’impossible du lien biologique dans une fratrie -quand le réel hors sens dévaste les jeunes sujets ; la colère de l’assistant familial face à ce qui lui saute à la figure, mais que l’administration refuse de voir, au nom du sacro-saint « maintien du lien biologique » ! Et encore, la terreur pour une petite fille à l’instant où elle doit rencontrer sa mère lors de visites médiatisées, dont elle tente de se protéger en plaçant délicatement son doudou dans la poche de son éducatrice … celle qui saura heureusement s’interposer, et qui ne laissera pas tomber l’enfant !

La souffrance d’autre part de couples qui -s’adressant au Conseil Départemental- exigent « d’avoir un enfant » au nom du droit, et qui refusent la nécessité d’une implication subjective dans ce qui fait manque pour eux.

Et puis, et puis … la rencontre inouïe de ce bébé, Théo, avec Jean, son assistant familial, qui va savoir pour lui, relever ce défi de l’accueillir le temps nécessaire à ce qu’on lui permette de rencontrer celle qui deviendra sa mère ; première rencontre dans laquelle il va être porté par un lien d’amour où il est attendu, où il va pouvoir loger son être : les battements de son cœur qui s’accélèrent quand Jean lui parle, puis le prend dans ses bras et lui promet de le protéger et l’aimer le temps qu’on lui trouve des parents pour la vie ; puis la détresse de ce bébé les semaines suivantes quand il ne peut dénouer l’impasse dans laquelle il est pris, si petit, et dont fort heureusement l’extrême attention dont il fait l’objet, la ténacité du désir des personnes qui en ont la charge dans ces premiers moments de vie sauront le tirer. Mais il n’est pas simple pour les équipes engagées dans cette épreuve aux côtés de l’une et de l’autre, de tenir leurs promesses respectives -secret d’une part, protection et soins maternants de l’autre- et de manœuvrer avec de l’inconciliable. En effet, abandon et adoption ne se laissent pas nouer ; il y a bien un gap, un fossé, qui sépare irrémédiablement ces deux temps, dans lequel le bébé pourrait bien se perdre et disparaitre comme sujet … Pour le traverser, il y faut une invention, me semble-t-il -celle ici que vont savoir bricoler ces professionnels décidés à « ne rien lâcher ». C’est là sans doute qu’il est illusoire de vouloir trop vite voiler ce signifiant qui résonne douloureusement -l’abandon. Seul un parcours, qui débute déjà là, permettra de savoir-faire avec et l’apprivoiser.

Et pour Théo, une fois ce désir de vivre alors attrapé, se font entendre les premiers appels à l’Autre qui se tient à ses côtés, premières larmes, vrai chagrin au moment même du rappel de la fin du délai de rétractation qui s’affiche sur l’écran de l’ordinateur de l’assistante sociale -celle qui a su rester du côté de la promesse de secret faite à la jeune accouchée, et qui lui a permis de repartir après ce drame pour elle.

Ambivalence dans ce fondamental refus de la mère qui l’a porté ? Mystère de ce qui percute ce bébé à l’aube de sa vie ? Magie du désir de vivre qui se noue avec ceux qui l’entoure ? … Les ingrédients de ce qui contribue à la naissance d’un sujet sont subtilement saupoudrés dans ce superbe film, dont cette soirée s’est fait l’écho devant un public d’une petite soixantaine de personnes. Chaque spectateur a été touché, bouleversé parfois par ce film percutant, qui ne peut laisser indifférent. « Magnifique ! » m’a dit l’une de nos amies ukrainiennes, avec l’un des seuls mots français qu’elle connaisse, venue avec une amie partager avec nous ce moment, oubliant pour quelques heures le drame qui secoue leur pays et ravage leurs familles.

Merci à Marie Izard et à Laetitia Varvarine d’être venues soutenir et enrichir ce moment de leurs apports cliniques et de leurs vécus professionnels ; l’échange qu’elles ont soutenu fut à la hauteur de ce très beau film ! A très bientôt pour de prochaines rencontres !


Mardi 29 mars à 20h

Cinéma Le Trianon
108 rue du Canon
27130 Verneuil d’Avre & d’Iton
02 32 32 41 66

Consulter le plan d’accès »

Ouvert à tous
Entrée : 4 euros

Renseignements :
06 76 48 59 41
Envoyer un mail à Laurence Morel


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