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Publié le mardi 6 avril 2021

51es Journées de l’ECF - 20 et 21 nov. 2021

La norme mâle

En visioconférence - 20 et 21 novembre 2021

Les 51es Journées de l’Ecole de la Cause freudienne se tiendront les 20 et 21 novembre en visioconférence.

<center>LA NORME MÂLE</center>



Elles sont placées sous la direction de Damien Guyonnet et Aurélie Pfauwadel.


L'ARGUMENT :


- LA FIN DE LA NORME MÂLE ?

De la révolte spontanée du mouvement #MeToo, aux nouveaux champs d’études universitaires qui déconstruisent « l’identité normative » de l’humain universel (y décelant « l’hégémonie masculine, blanche, hétérosexuelle »), les attaques frontales contre « la norme mâle » se sont emparées de l’espace et du débat publics. Cette insurrection fait signe de l’insupportable qu’inspire désormais le patriarcat. Notons que Lacan avait fait résonner, dès 1972, que le « normal » était avant tout « norme mâle1 ». Sommes-nous en train de voir s’achever sous nos yeux l’agonie de l’ordre patriarcal et phallique, dont Lacan diagnostiquait déjà le déclin en 19382 ?

- AU-DELÀ

Cette norme mâle correspond à ce que la psychanalyse a articulé comme Loi du complexe d’Œdipe et Lacan épinglé comme Nom-du-Père, opérateur de la normalisation du désir du sujet par l’effet de la castration. Mais suivant le fil de la jouissance qui déborde toutes normes, Lacan eut tôt fait de passer au-delà de la fiction œdipienne dont l’interdit s’efforce de recouvrir l’impossible lié à ce qui, dans la sexualité, fait « trou dans le réel3 ».

- PLURALISATION

Si le Nom-du-Père est au principe de l’ordre et de la norme pour un sujet, on saisit mieux pourquoi Lacan en vient à pluraliser les Noms-du-Père : il existe une variété de modes de traitement de la jouissance et de nouages borroméens. Ladite « normalité » est purement relative à la façon dont chaque sujet se défend contre le réel, par son recours aux discours établis ou par ses inventions propres. On assiste ainsi dans la modernité à une « moindre effectivité » de la norme mâle et à une « pluralisation des S1 » qui va jusqu’à « leur pulvérisation4 ».

- LEVÉE DU VOILE

Le fameux primat freudien du phallus, au cœur des malentendus avec les féministes, est une façon de dire que rien n’inscrit dans l’inconscient une essence du masculin ou du féminin. Le seul marqueur du sexe y est le phallus, qui est le même pour tous les êtres parlants, bien que mis en fonction différemment selon les cas. Les définitions et usages du phallus sont multiples : image, objet, signifiant, semblant, fonction. C’est le discours qui érige cette partie du corps en symbole de pouvoir, et confère à la signification phallique une portée qui s’étend bien au-delà de l’organe masculin comme siège d’une jouissance privilégiée.

- UNIVERSEL ET PAS-TOUT

Pour ce qui est de se situer dans la sexuation, les sujets ont le choix, selon Lacan : totalement inscrits dans la fonction phallique, du côté de l’ensemble fermé des hommes ; pas-toutes entières, côté femmes, qui ont accès à une jouissance Autre, infinie et supplémentaire. La norme mâle renvoie donc à la logique universaliste et uniformisante du « pour tout x », celle de l’armée des semblables dégagée par Freud. La jouissance phallique, modèle de la jouissance de l’Un, en son fond autoérotique et disjointe de l’Autre5, est loin d’être exclusive aux hommes, car « libre aux femmes6 » de s’y vouer. Le refus de la féminité et les défenses face au trou du féminin peuvent se rencontrer chez tout être parlant. La virilité est un fantasme qui cherche à combler la castration (-φ) par l’objet a7. Inversement, celui qui est « embarrassé » du phallus « peut aussi se mettre du côté du pas-tout8 ». Cette distinction souple entre « la part dite homme ou bien femme9 » des êtres parlants conduira Lacan à dépasser tout binarisme, en s’orientant du sinthome comme mode de jouir purement singulier.

- VIRILITÉS PLURIELLES

Notre époque égalitariste et démocratique se distingue à la fois par une masculinisation des femmes au sein d’un tous pareils, et par une dévaluation du viril induite par la crise de la fonction paternelle10. À l’ère de « l’Autre qui n’existe pas11 », les virilités se conjuguent désormais au pluriel. Les bouleversements contemporains de l’ordre symbolique produisent « un désordre croissant dans la sexuation12 », un nuancier de couleurs d’hommes, plus ou moins couleurs de femme13.

- FÉMINISATION, RÉACTIONS

Notre siècle est aussi celui de la féminisation du monde, du pas-tout et de l’anormalité généralisés et revendiqués. Les solutions singulières des Uns-tout-seuls et les arrangements par communautés de jouissance cristallisées en identités prévalent sur un mode de traitement universel. En réponse, la multiplication insensée des régimes normatifs engendrés par la science et le capitalisme impose un nouvel ordre « qui est de fer14 », où prime la norme chiffrée. La déconstruction des repères traditionnels a suscité en réaction un renouveau des mouvements masculinistes, dont la haine férocement misogyne et les ambitions totalitaires se déchaînent, parfois par la violence, contre l’indiscipliné pas-tout.

- TRAVERSÉE ET « SAVOIR Y FAIRE »

Lacan a situé la psychanalyse à l’envers du discours du maître comme praxis radicalement subversive et étrangère aux normes quelles qu’elles soient. Les 51e Journées de l’École de la Cause freudienne proposent de mettre au travail ces questionnements qui parcourent notre clinique au quotidien, où chaque sujet, avec ou sans la norme mâle, tente de symptomatiser la jouissance hors norme. Nous pourrons y entendre comment l’expérience d’une analyse poussée jusqu’à son terme permet la traversée de l’aspiration à la virilité constitutive de tout fantasme, amenant chaque parlêtre à isoler et ressaisir son programme intime de jouissance, l’ouvrant dès lors à la dimension du pas-tout.

Damien Guyonnet et Aurélie Pfauwadel

Notes :
1 Lacan J., « L’Étourdit », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 479.
2 Lacan J., « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », Autres écrits, op. cit., p. 60.
3 Lacan J., « Préface à L’éveil du printemps », Autres écrits, op. cit., p. 562.
4 Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Le désenchantement de la psychanalyse » [2001-02], enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 22 mai 2002, inédit.
5 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 14.
6 Ibid., p. 67.
7 Cf. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Un-tout-seul » [2011], enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 9 février 2011, inédit.
8 Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, op. cit., p. 70.
9 Ibid., p. 74.
10 Cf. Miller J.-A., « Bonjour Sagesse », La Cause du désir, n° 95, 2017, p. 84.
11 Cf. Laurent É., Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. L’Autre qui n’existe pas et ses comités d’éthique » [1996-97], enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, inédit.
12 Miller J.-A., « Présentation du thème du 9e congrès de l’AMP », Un réel pour le XXIe siècle, Scilicet, 2013, p. 26.
13 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 116.
14 Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 19 mars 1974, inédit.


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Sommes-nous en train d’assister au crépuscule de l’ordre patriarcal et phallique ? Est-ce la fin de « la norme mâle » ? Telle est la question que se proposent d’explorer les 51es Journées d’étude de l’ECF afin d’en serrer les enjeux brûlants et d’en lire les symptômes inédits.

Les exposés cliniques multiples du samedi et la plénière du dimanche, centrée sur les questions éthiques, épistémiques et politiques, visent à orienter le travail avec les sujets rencontrés.

Ces Journées s’adressent aux psychanalystes, psychologues, psychiatres, aux praticiens de la santé mentale et du champ médico-social, et à tous ceux confrontés aux abords de la question.

Modalités d'inscription :

- Inscription à titre individuel :

- tarif normal : 100 €
- demandeur d’emploi : 50 €
- étudiant (moins de 26 ans) : 30 €

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