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Publié le mercredi 27 octobre 2010

Les membres proposent... 2010-11 — Le Havre

Séminaire « Psychanalyse et social »


Ce séminaire s’adresse aux personnes qui sont intéressées ou qui se sentent concernées par les questions qui interrogent le rapport de la psychanalyse et du social, notamment dans le champ de l’intervention sociale.

Au cours de ce séminaire se succéderont des interventions resserrées autour de plusieurs thématiques : clinique, justice, institution, cité.

L’orientation de Freud et de Lacan, donnera à qui veut s’en saisir, la possibilité de cerner les enjeux que constitue la prise en compte de l’inconscient et du langage dans le champ du social.

Le séminaire aura pour invités :

- 16 novembre 2010 : Mourad Mansouri
- 14 décembre 2010 : Jean-Yves Vitrouil
- 11 janvier 2011 : Jean Michel Corlu
- 8 février 2011 : Isabelle Mercy
- 8 mars 2011 : Zoé Vérhamme et Maud Charles
- 12 avril 2011 : Sylvie Vitrouil

Ce séminaire est organisé par Mourad Mansouri, membre de l’ACF-Normandie.

Il aura lieu à 21h les mardis 16 novembre, 14 décembre 2010, 11 janvier, 8 février, 8 mars et 12 avril 2011.

UCID, 47 rue de Tourneville — 76600 Le Havre.

Consulter le plan d’accès.

Ouvert à tous.

Renseignements : 02 35 53 20 29 ou 06 20 78 01 48

Télécharger l’affiche :




Après la séance...

- 16 novembre 2010 : Mourad Mansouri
a introduit la soirée en présentant un texte de Freud reprenant le discours qu’il avait prononcé à Budapest le 18 septembre 1918, lors du Ve Congrès de psychanalyse. Dès cette période, Freud envisage possiblement que l’action de la thérapie analytique éclaire la masse et que l’autorité sociale soit engagée dans ce projet, faisant valoir ainsi une volonté à l’endroit de la civilisation.
Nous avons vu qu’un peu plus tard, August Aichhorm, reconnu pour son travail auprès d’adolescents délinquants et soutenu par Freud, a été un des premiers à envisager une perspective psychanalytique à partir de sa pratique en institution.
Cette pratique originale d’Aichhorm, bien que lointaine, n’est pas éloignée de nos préoccupations quant au malaise contemporain. En effet, Aichhorm nous montre par exemple que la création de tels lieux permet de passer du régime de la correction à celui de l’éducation. Un changement de signifiant qui opère une mutation quant aux modes de traitement proposés au sujet.
Aichhorm nous enseigne que lorsque la prise en compte de la question du sujet est possible, cela permet un traitement plus humanisé. Il nous indique aussi une autre orientation que celle de faire entrer le sujet dans un schéma préétabli. Cette position rend possible un autre type de lien social.

A partir de cette question du lien social, nous nous sommes arrêtés également sur les 4 discours développés par Jacques Lacan dans l’Envers de la psychanalyse, plus particulièrement sur le discours du maître et de l’analyste.
Place a ensuite été donnée aux échanges.

- 14 décembre 2010 : Jean-Yves Vitrouil
a proposé un travail autour du malaise dans la civilisation et de la violence. S’appuyant sur le livre de Juli Zeh La fille sans qualités et sur un commentaire de Philippe Lacadée qui fait valoir que « les jeunes d’aujourd’hui sont chaque fois plus anhistoriques et déconnectés de l’inconscient, de leur histoire particulière », Jean-Yves nous a montré comment l’héroïne de ce roman, Ada, incarne un état d’esprit qui est commandé par une volonté sans frein de jouissance : « jouis » est son mot d’ordre, ne permettant de trouver là aucune solution pacifiante.

Cette violence en question a ensuite été articulée avec les concepts d’agressivité, de pulsion de mort et de jouissance. Dans le cadre d’expériences cliniques, Jean-Yves Vitrouil a abordé ce qu’il a nommé « le conflit de génération ». Conflit où toutes les représentations qui animaient des femmes et des hommes ne tiennent plus, n’ont plus de sens. Il a aussi relaté le désespoir d’un homme, au sein de l’usine dans laquelle il travaille : cadence, usure, pénibilité qui affectent ce sujet. Mais plus que les difficultés rencontrées sur son lieu de travail, où l’idéal est mis à mal, ce sont les difficultés qu’il rencontre au sein de sa famille qui le mettent dans un profond désarroi. Le travail, la famille, l’école se présentent comme autant d’impossibles devant lesquels l’analyste ne doit pas reculer. Ces différents développements ont amené des questions et des échanges.

- 11 janvier 2011 : Jean-Michel Corlu
est intervenu sous le titre : « Nos criminels ». Considérant que les intervenants sociaux ont affaire aux champs de la loi et de la justice, Jean-Michel Corlu s’est employé à nous montrer comment toute une série de mesures peuvent se décliner à la jointure de l’éducation et de la justice. Il nous a proposé un premier développement à partir du père œdipien qui interdit la jouissance, et du père de l’époque contemporaine qui en « a pris un coup ». Une des conséquences, c’est la mise à mal du lien social avec comme corrélat l’injonction surmoïque de la jouissance : un monde ou le discours dominant enjoint de ne plus avoir honte de sa jouissance. Articulant la question de la jouissance, du surmoi et de la transgression, du franchissement et du forçage, en s’appuyant sur les textes freudiens, Jean-Michel Corlu nous a montré en quoi « le crime est lié à la Loi ».

Dans un second développement intitulé « Criminologie et subjectivation », Jean-Michel Corlu a présenté deux textes des Ecrits de Jacques Lacan : « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie » et « Prémisses à tout développement possible de la criminologie », qui réintroduisent la place de l’éthique individuelle.
Face au déficit, à la normativité, à l’utilitarisme de Bentham, Jean-Michel Corlu a précisé la position de Jacques Lacan qui considère le criminel comme un sujet de plein droit : « Si la psychanalyse irréalise le crime, elle ne déshumanise pas le criminel ». Démonstration sera faite que cette irréalisation permet la subjectivation de l’acte rendant possible la responsabilité du sujet.
Une discussion s’est engagée à propos des différents points développés.

- 8 février 2011 : Isabelle Mercy
est intervenue sous le titre « La psychanalyse comme une installation portable » et s’est appuyée sur l’expérience dont Alfredo Zenoni rend compte dans L’Autre pratique clinique, psychanalyse et institution thérapeutique pour nous montrer ce que l’on nomme la psychanalyse appliquée. Isabelle Mercy fait valoir le point de vue de Zenoni qui constitue un postulat de base : « Cette option est moins celle de l’intégration de la psychanalyse à un ensemble pluridisciplinaire de pratiques que celle d’une pratique fondamentalement une, même si elle est exercée à plusieurs, orientée par la psychanalyse ». Isabelle nous indique que cette orientation s’inscrit dans l’institution à partir de ce qui la cause : le réel en jeu dans la psychose, notamment en ce qui concerne les psychoses ordinaires.
Notre collègue a attiré notre attention sur la critique des notions de « Cadre thérapeutique » et de « Projet thérapeutique ». Ces termes très répandus dans certaines institutions soutiennent des idéaux au nom du bien du patient, pour lequel on parle davantage de troubles que de symptômes, excluant par là même la dimension subjective du sujet. C’est la dimension sociale de l’institution, dans sa fonction d’asile, d’accueil qui permet selon Zenoni de marquer une limite à une volonté thérapeutique, qui risque de transformer l’institution en un lieu d’aliénation et d’expérimentation à outrance. 

Isabelle Mercy a ensuite développé le point de vue de Zenoni à propos de la clinique du passage à l’acte. Le passage à l’acte serait une tentative d’obtenir une séparation ou extraction de l’objet, qui n’est pas assurée dans le symbolique, par des moyens réels, allant de la simple prise de distance physique, géographique, à la séparation plus radicale que constitue le suicide.

L’orientation que propose Zenoni est une clinique qui permet de s’interroger, dans chaque cas, sur la chose propre à tel sujet et qui est en cause dans son passage à l’acte, en vue d’en obtenir avec lui, en s’inspirant même de ses trouvailles, un équivalent moins ravageant, moins dangereux.

Isabelle Mercy nous a proposé quelques pistes qui permettent de transmettre des rudiments de notre orientation dans les institutions où c’est la commande sociale qui importe avant tout. Il revient aux psychanalystes intervenant dans de telles institutions de permettre d’opérer un pas de côté par rapport à ladite commande, en faisant circuler les discours au lieu de les faire consister ; de faire décoller les intervenants des identifications hâtives, de l’épinglage ségrégatif et stigmatisant. Enfin comme nous l’indique Alfredo Zenoni, savoir être en position « d’élève de la clinique » c’est-à-dire pour les professionnels, se laisser enseigner par le patient, notamment avec la clinique de la psychose. Les échanges se sont engagés sur ces questions.

- 8 mars 2011 : Zoé Verhamme et Maud Charles
sont intervenues sous le titre : « L’accueil de la psychose au sein d’un RAEP : de l’importance du diagnostic différentiel dans un lieu d’accueil et d’écoute psychologique ».

Intervenantes en tant que psychologues et cliniciennes, nos deux collègues accueillent des sujets en grande précarité psychique et sociale. Elles nous ont montré comment elles opéraient un pas de côté par rapport à la commande sociale du département, dont les maîtres mots sont insérer et intégrer.
Zoé et Maud ont témoigné des difficultés des sujets accueillis à pouvoir répondre à cette dite commande dont ils sont l’objet. La tendance actuelle, qui vise à tous crins la socialisation du sujet psychotique dans le monde du travail, n’est pas — pour eux — sans poser problème en termes d’exclusion, compte tenu de la réalité économique.

Nos collègues ont repéré que les patients psychotiques qu’elles reçoivent se trouvent de plus en plus confondus dans la déviance parmi les délinquants, les errants et les misérables. Dans ce contexte, le parti pris de Zoé et Maud est de soutenir les formes d’un lien social qui n’en passe pas nécessairement par une intégration. Il s’agit aussi, pour elles, de soutenir chez les sujets un mode d’être dans le monde qui tient compte de la structure subjective propre à la psychose, telle que Lacan l’a élaborée. Reprenant des passages du Séminaire, Livre II, elles ont souligné combien la psychanalyse nous met en garde sur le fait de croire au moi et aux théories de l’adaptation. La psychanalyse avec Lacan dans son retour à Freud, montre combien au delà du moi, l’inconscient et sa trame symbolique agissent à notre insu.
Nos deux collègues font valoir que l’identité est souvent définie pour les sujets psychotiques avec quelques signifiants isolés, des bouts de signification, assises fragiles qu’elles tentent de repérer et de préserver avec eux. Ainsi, il devient possible d’envisager l’inscription du sujet psychotique dans la société à travers un travail de soutien de ses identifications, pour peu qu’elles soient conciliables avec la réalité sociale. Zoé et Maud nous ont ainsi démontré en quoi le diagnostic différentiel est important à considérer afin d’éclairer le symptôme qui se dégage dans les paroles des sujets qu’elles accueillent au RAEP. Elles ont ensuite présenté deux vignettes appuyées sur la clinique qu’elles soutiennent. S’en est suivi un échange.

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